Pour la première fois depuis le début de son mandat, François Hollande s’est exprimé sur un plateau de télévision, ayant choisi pour ce faire le journal de 20h de France 2 mardi soir. Un cadre « normal » et sans dispositif particulier pour un président « normal » : « aujourd'hui, je suis devant vous, je ne vous ai pas invité à l'Elysée. Je ne vous ai pas demandé de faire une émission spéciale. J'ai répondu à vos questions sur le plateau », a-t-il ainsi argumenté face à David Pujadas. L’occasion pour le président de la République de revenir sur ses deux premières semaines en exercice, en tant que « président en action » et non en « transition ».
Retrait des troupes afghanes
Interrogé sur sa rencontre avec Barack Obama, M. Hollande a évoqué ses sujets d’entente avec le président américain, comme le retour de la croissance, mais également des sujets de friction, à savoir le retrait fin 2012 des troupes françaises d’Afghanistan. « L’Otan prépare la transition, j’ai anticipé », a assuré le président, avant de souligner que « cette décision a été respectée, d’abord parce que j’ai voulu qu’elle soit coordonnée avec nos alliés, qu’elle soit préparée, et elle l’a été ». Il a également réaffirmé qu’après 2013, « il y aura une coopération civile ».
Chasser le régime syrien
Au chapitre international toujours, interrogé sur sa décision d’expulser l’ambassadrice de Syrie à Paris, François Hollande a argumenté qu’il n’était pas possible de « laisser le régime de Bachar Al-Assad massacrer son propre peuple ». « Il y a des sanctions à prononcer » à l’égard du régime syrien et qui doivent « être renforcées », a-t-il assuré. Par ailleurs, « une intervention armée n’est pas exclue, à condition qu’elle se fasse dans le respect du droit international » a-t-il souligné, sans pour autant exclure d'autres solutions non militaires.
Couple franco-allemand
Concernant son premier sommet européen à Bruxelles et ses relations avec Angela Merkel, François Hollande a réaffirmé la « nécessité d’une amitié entre la France et l’Allemagne », sans pour autant voir en ce couple franco-allemand l’unique moteur de l’Europe. « Nous avons besoin des autres » pays a souligné le président, en indiquant que la France et l’Allemagne étaient sur la voie d’un compromis, maintenant qu’il estime avoir imposé l’idée de croissance. « Je ne peux pas accepter que l'Europe soit regardée comme un continent malade », a insisté le président.
Dialogue social
Au chapitre de la politique intérieure, François Hollande est revenu sur le changement de méthode impulsé par son gouvernement : « Jean-Marc Ayrault, reçoit les syndicats ». Interrogé sur la capacité de la France à se permettre de revaloriser le Smic, M. Hollande réaffirme que « oui, il y aura un coup de pouce », sans pour autant préciser de quel ordre. « Le chemin d'équilibre c'est de permettre à des salariés qui sont payés au Smic qui n'ont pas été revalorisés en termes de pouvoir d'achat depuis cinq ans, d'avoir un coup de pouce et en même temps de ne rien faire qui puisse déséquilibrer notamment les petites et moyennes entreprises qui sont aujourd'hui dans une difficulté de compétitivité ». Quant aux prévisions de croissance en baisse, le président a tenu à réaffirmer : « tout ce que j’ai promis, je le tiendrai ».
Un président « simple »
Enfin, sur le style de cette nouvelle présidence, et alors que son récent déplacement en train et en voiture entre Paris et Bruxelles était qualifié de « gadget », François Hollande a rétorqué vouloir « faire simple ». « Faire simple ce n’est pas faire médiocre, ou banal » mais c’est vouloir être exemplaire a-t-il répliqué aux critiques. Quant aux élections législatives, François Hollande a assuré qu’il ne s'impliquerait pas dans la campagne : « non, je ne suis pas le chef du Parti socialiste, je suis le chef de l’Etat ». « Et en même temps je vais demander aux Français qu’ils fassent en sorte qu’il y ait une majorité pour le changement », a-t-il ajouté.
Crédit photo : AFP
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