Ségolène Royal veut mettre "la pression" sur la grande distribution, qui n'en fait pas assez contre le gaspillage alimentaire selon elle. Ce jeudi 27 août, elle a rencontré les principaux acteurs pour signer une convention d'engagement volontaire, les obligeant à donner plus d'invendus, ou à ne plus détruire certaines denrées.
Si des enseignes comme Carrefour et Auchan ont répondu favorablement à son appel, Michel-Edouard Leclerc, le président des magasins Leclerc, lui a répondu du tac au tac ce 27 août.
"La maîtresse d'école convoque la rentrée. (...) Je ne conteste pas à la ministre le droit de faire son cinéma (...) elle n'en est pas à son premier coup médiatique. (...) Mais la grande distribution est déjà assez exemplaire dans sa lutte contre le gaspillage alimentaire", a-t-il déclaré sur Europe 1. Selon lui, 98% des centres Leclerc ont mis en place des partenariats avec au moins une association, 50% avec trois associations.
La réunion a débouché peu après 19 heures sur une série "d'engagements volontaires, visant à renforcer les actions de lutte contre le gaspillage alimentaire". Ces mesures comprennent notamment l'obligation pour la grande distribution de favoriser au maximum les dons aux associations - qui seront généralisés à toutes les surfaces alimentaires supérieures à 400 m2 - et la valorisation des déchets.
Par ailleurs, "sans préjudice des règles relatives à la sécurité sanitaire des aliments", les distributeurs promettent de "ne pas rendre délibérément les invendus alimentaires encore consommables, impropres à la consommation".
Mais pour "MEL", la balle est au contraire dans le camp des politiques. "Il faut absolument revoir la législation actuelle, trop restrictive dans la définition des dates limites de consommation et de péremption. De nombreux produits pourraient être conservés bien plus longtemps", a-t-il déclaré au Parisien.
Finaud, le patron s'engage dans un combat déjà bien avancé. En avril, le rapport de l'ex-ministre de l'agroalimentaire Guillaume Garot préconisait l'extension, voire la suppression de certaines dates limites de consommation (DLC).
Un distributeur comme Carrefour a déjà obtenu des efforts de certains fournisseurs. "Nous avons allongé la durée de vie d'environ 300 références, afin de réduire le gaspillage chez les consommateurs", a expliqué Sandrine Mercier, directrice du Développement durable de Carrefour France, au Figaro. La date limite des yaourts natures de sa marque propre a été repoussée de 8 à 10 jours, celles des yaourts à la crème de 2 à 8 jours.
Mais ce n'est qu'un début. Depuis 2013, le site internet Gaspifinder tente de s'imposer comme un moteur de recherche collaboratif qui recense les dépassements possibles des DLC. Partout en France, le collectif des Gars'Pilleurs vide (illégalement) les poubelles des grandes surfaces pour récupérer les produits passés mais toujours comestibles:
Attention tout de même, quoi qu'il arrive, vous restez la seule personne à savoir si un aliment est propre à la consommation. Emballage altéré ou rupture de la chaîne du froid, toute modification suspecte d'odeur, couleur ou texture doit vous alerter. Et si vous avez un doute, il vaut mieux jeter que risquer l'intoxication...
Pour l'instant, faute d'un guide officiel et exhaustif, voici quelques éléments pour jeter moins de produits frais :
Ils arrivent en grande surface avec une DLC de 28 jours. Passé ce délai, deux cas de figure se présentent. Consommé cru, il faut être très prudent, se limiter à un dépassement d'un ou deux jours grand maximum. Consommé cuit, ce délai s'allonge de plusieurs semaines.
Des vérifications simples s'imposent. Si la coquille est fendillée, poubelle. Des bactéries peuvent s'y être développées. S'il est intact, vérifiez qu'une poche d'air ne s'est pas créée à l'intérieur en le secouant près de votre oreille (vous ne devez rien entendre ou sentir bouger à l'intérieur), ou en le plongeant dans l'eau (il ne doit pas flotter).
Tant qu'elle est bien fermée, une brique ou une bouteille de lait peut se conserver un, voire deux mois de plus. C'est encore plus vrai si elle est gardée au frais. "Le même lait est vendu avec une DLC de 60 jours en France et 90 jours en Allemagne", assure Paul-Adrien Menez, fondateur de Zéro-Gâchis.
Ensuite, rien de plus facile que d'identifier un lait bon à jeter. Il devient rance au nez, et des paillettes blanches, voire des caillots se forment.
Tous les yaourts natures peuvent être mangés des semaines après dépassement de la DLC. "Un yaourt arrive en grande surface avec une DLC de 21 jours. Le même dans les DOM-TOM en affiche 28 de plus pour prendre en compte le temps de transport en bateau", explique Paul-Adrien Menez, fondateur de Zéro-Gâchis.
En revanche, attention aux desserts plus élaborés qui contiennent de la crème ou de la chantilly, comme les cafés liégeois. Ils peuvent tourner en quelques jours.
Si Carrefour a réussi a augmenter la DLC de certains yaourts en marque propre, ce ne sera pas aussi facile de convaincre des industriels comme Danone et Lactalis. "Si Danone a une usine calibrée pour sortir 74.000 pots à l'heure, il n'a aucun intérêt à diminuer sa production", confie un bon connaisseur.
Il peut suffire de 24 ou 48 heures au-delà de la date fatidique pour que l'odeur et la couleur changent. Pas de blague, les risques d'intoxication sont réels. Au moindre doute, il faut jeter.
Pour les fromages pasteurisés, on ne peut pas à proprement parler de "date limite". Même un fromage au lait cru comme le comté arrive en rayon après des mois d'affinage.
Selon Europe 1, le reblochon "est commercialisé avec une DLC de 35 jours dans l'Hexagone et de 70 jours dans les outre-mer", "tel sachet de gruyère râpé" avec "une DLC de 40 jours" en métropole est vendu à "180 jours en outre-mer". Tout est légal, puisque ce sont les industriels qui décident.
Cela peut paraître paradoxale pour des fromages, mais c'est l'apparition de moisissures qui doit vous pousser à les jeter.
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