261 contre 300 : c'est le nombre de voix qu'a remportées Ekaterini Sakellaropoulou, 63 ans, ce mercredi 22 janvier, lors de son élection au poste de présidente de la République grecque par les député·es. Celle qui a fait ses armes dans le droit public à Panthéon-Assas, entre autres, avait été nommée présidente du Conseil d'Etat en octobre 2018 par l'ancien Premier ministre de gauche, Alexis Tsipras. Il dira notamment d'elle qu'elle a "toujours vigoureusement servi la justice, la protection des droits individuels et la neutralité religieuse de l'Etat (...) Son élection récompensera les valeurs progressistes qu'elle a défendues en tant que juge", rappelle Le Monde.
Aujourd'hui, c'est Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre conservateur en fonction, qui a proposé sa candidature. "Le moment est venu pour la Grèce de s'ouvrir sur l'avenir", déclarait-il. "Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, la société grecque est encore marquée par la discrimination contre les femmes." Un progrès de taille, quand on sait que le dirigeant n'a nommé que deux femmes au sein de son gouvernement.
Plus qu'un symbole, son élection incarne une nouvelle ère au coeur d'un pays qui se remet encore de la crise fracassante de 2008. La cheffe de l'Etat et des forces armées (dont les décisions restent tout de même sous la supervision du Premier ministre) est connue pour ses positions franches en termes d'égalité femmes-hommes, d'immigration et de protection de l'environnement. Lors d'une conférence à l'Université de Panteion, elle a ainsi évoqué "le long combat des femmes vers l'égalité", insistant sur le fait que "malgré les pas importants réalisés, les problèmes n'ont pas disparu".
Durant sa carrière, la magistrate a également pris position contre un barrage hydraulique qui aurait asséché une rivière en Thessalie, soutenu la suppression de la mention de religion sur les cartes d'identité grecques, et répondu aux associations parents qui se plaignaient du nombre d'enfants réfugiés dans les écoles que leur insertion était "légale et nécessaire".
Si l'arrivée d'Ekaterini Sakellaropoulou annonce aussi celle de changements cruciaux, la Grèce a cependant un réel retard à rattraper. D'après le rapport 2019 de l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes, le pays est même en dernière place du classement en matière d'égalité femmes-hommes, avec un indice de 51,2 sur 100, quand la moyenne des 28 pays de l'Union européenne est de 67,4 (74,6 pour la France, située en troisième position, 83,6 pour la Suède qui écope de la première marche du podium).
Le calcul, basé sur le travail, l'argent, le savoir, le pouvoir, le temps et la santé selon des données relevées en 2017, inclut aussi les violences faites aux femmes et les inégalités intersectionnelles. Des conclusions alarmantes que la présidente ne peut qu'améliorer.