Il semble apparemment normal, pour certains garçons, de se permettre de harceler les femmes artistes. Parce qu'elles osent monter sur scène et s'exposer médiatiquement, ils considèrent sûrement qu'il est parfaitement acceptable de les insulter, de proférer des insanités à leur encontre, voire de les harceler sexuellement.
La rappeuse new-yorkaise Princess Nokia a rappelé à l'un d'eux que ce n'était pas le cas. Les Inrocks rapportent que lors d'un concert caritatif qu'elle donnait le 15 février à l'Université de Cambridge, en Angleterre, la chanteuse a été prise à parti par un étudiant, qui a proféré des insultes sexistes et lui a demandé de "montrer ses nichons". Selon le journal du campus The Cambridge Student, Princess Nokia s'est interrompue au cours de la troisième chanson pour répondre à l'étudiant harceleur. "Est-ce que tu me manques de respect ?", lui a-t-elle demandé avant de lui jeter un verre au visage. Elle a ensuite bondi hors de la scène pour le frapper au visage à trois reprises, précise le journal qui rapporte les paroles de témoins.
The Cambridge Student a retrouvé l'étudiant attaqué par la rappeuse. Il s'explique : "Je me trouvais dans le public et des amis m'ont dit que le nom de la chanteuse était Abigail. Etant donné que j'appréciais sa performance, j'ai crié 'Vas-y Abigail !' Après avoir crié ça, elle est descendue de scène. Elle m'a giflé et m'a jeté un verre au visage."
De son côté, Princess Nokia s'est expliquée auprès du média Fly. Elle affirme regretter avoir interrompu sa performance, mais souligne que mettre cet incident l'a mise dans une position où sa sécurité et son confort étaient sérieusement compromis. "Les femmes de couleur savent à quel point je suis désolée", a ajouté Princess Nokia, précisant qu'elle une "tolérance zéro" à l'égard "des cas de sexisme et de harcèlement sexuel".
Alors que de nombreuses personnes de l'université ont condamné le geste de Princess Nokia, Fly prend le parti de défendre la chanteuse car l'humiliation qu'elle a subie est "emblématique des humiliations récurrentes que subissent les femmes, et tout particulièrement les femmes de couleur qui essayent d'évoluer dans des espaces dominés par des hommes blancs comme Cambridge. Il est typique de l'industrie du divertissement de fétichiser la culture noire pour le plaisir des auditeurs blancs, mais avec cette fétichisation vient l'objectivation inhérente et la déshumanisation des Noirs."
Le cas Princess Nokia est loin d'être isolé. L'an dernier, la leader du groupe Best Coast Bethany Cosentino dénonçait dans la newsletter Lenny les "remarques blessantes et sexistes sur l'apparence et sur l'identité" et les commentaires dégradants tenus par certains de ses fans. "Nous vivons dans un monde où un homme peut crier après moi pendant que je suis sur scène 'Bethany, je veux te baiser !' Et je suis censée non seulement rester là sans rien dire mais aussi prendre comme un compliment à ajouter à mon arsenal féroce de confiance sexy. Non seulement il faut que je l'accepte, mais que j'en souris et que je sois heureuse d'être sexualisée par mon public. Si je ne le suis pas, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche chez moi." Les chanteuses Taylor Swift, Grimes, MIA, Solange Knowles et Lauren Mayberry de Chvrches se elles aussi élevées contre la misogynie de l'industrie musicale.