Avoir un patron tyrannique peut briser une carrière. La vôtre, mais aussi celle de votre manager. C'est du moins les conclusions d'une enquête menée par les chercheuses américaines Manuela Priesemuth et Barbara Bigelow, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue scientifique Journal of Applied Psychology .
Celles-ci se sont penchées sur le parcours des managers aux méthodes tyranniques - proches du harcèlement et instaurant un climat de terreur dans l'entreprise - et aux conséquences de leurs abus sur leur propre carrière. Une première, puisque seul l'impact sur les victimes avait jusqu'alors été étudié.
"La plupart des recherches étudient comment le comportement abusif d'un responsable se répercute sur ses victimes. Ce qui n'avait pas été exploré, c'est la façon dont ce type de comportement agit sur les sentiments du manager, comment cela impacte son travail, ses performances, son statut social et surtout ce qui le pousse à arrêter à agir de la sorte", confie Manuela Priesemuth à Psychologie Today.
Leurs conclusions ? Un comportement abusif impactera tout aussi négativement les employé·e·s que le manager. "Ce que nous avons constaté, c'est que les employé·e·s ne sont pas les seul·e·s à souffrir de conséquences négatives du fait d'avoir un·e mauvais·e responsable, celle-ci ou celui-ci en souffre aussi", poursuit la chercheuse.
Ces managers souffriraient, selon l'enquête, d'une "diminution significative de leur 'valeur sociale', qui correspond à la façon dont on se sent apprécié et évalué par ses collègues au travail." Une "valeur sociale" qui agirait significativement sur leurs capacités professionnelles : celle-ci aurait tendance, en diminuant, à nuire à leurs performances, faisant de leurs méthodes abusives un véritable frein à leur carrière. "Les conséquences dommageables vont au-delà des employés et nuisent également au superviseur et à sa propre carrière, ainsi qu'à l'entreprise", confirme Manuela Priesemuth.
Mais pour la chercheuse, tout n'est pas perdu. Selon son enquête, 85% des "mauvais" managers finissent par se rendre compte de l'inefficacité de leurs méthodes et acceptent de les changer : "La majorité des superviseurs ressentaient et comprenaient les répercussions sociales de leurs actions et étaient disposés à changer." Pour les 15% restants, elle explique qu'il s'agirait généralement de personnes très peu empathiques, qui ne réalisent pas les répercussions de leurs méthodes et ne parviennent donc pas à faire évoluer la situation.
Ses préconisations pour éviter de ce retrouver dans ce type de situation ? Une politique de tolérance zéro en matière de comportements abusifs dans le milieu professionnel. Pour Manuela Priesemuth, les entreprises auraient tout à gagner à instaurer un climat sain et bienveillant au quotidien, aussi bien pour les employé·e·s que pour leur manager et l'efficacité globale des équipes.
Une enquête à glisser l'air de rien sur le bureau de votre employeur si vous avez un message à lui faire passer.