"Ma fille a été harcelée pendant deux ans, et pendant deux ans, on a fait des pieds et des mains pour que ça s'arrête, mais elles l'ont poursuivie jusqu'à la maison, jusqu'aux réseaux sociaux". On se souvient des mots de Samira Gonthier, la mère de Dinah, 14 ans. En octobre dernier, Dinah a mis fin à ses jours à son domicile de Kingersheim (Haut-Rhin) après deux longues années passées à subir un harcèlement scolaire virulent.
La lycéenne avait fait une première tentative de suicide en mars 2020. Elle subissait à longueur de journées des insultes racistes et lesbophobes. "Tout le monde la traitait de sale lesbienne, de sale arabe aussi", racontait son frère à ce sujet. Aujourd'hui, quelques semaines après la marche blanche organisé en sa mémoire à Mulhouse, et en cette journée de lutte contre le harcèlement scolaire, c'est sa mère qui révèle sur ses réseaux sociaux des phrases poignantes : les derniers messages alarmants de Dinah.
"Les jours s'enchevêtrent et forment peu à peu une boucle sans fin", y lit-on.
"Je n'ai envie de voir absolument personne, m'allonger quelque part, et ne plus me lever. Je n'ai envie de parler à personne, me taire pour affronter le triste et monotone silence", écrit encore la lycéenne. "C'est pas parce que je suis ado que je ne ressens pas la douleur. Je pleure pour rien et dans n'importe quelle situation. Chaque jour je me demande si demain c'est samedi et redoute le dimanche", peut-on lire encore.
Dinah poursuit : "J'ai deux fois plus de tocs d'avant. Avant c'était le rongeage d'ongles et c'est tout. J'ai envie de rien, j'ai plus envie de faire quelque chose". Des mots qui en disent long sur la réalité du harcèlement scolaire. A cela, sa mère avait alors répondu : "Ta joie de vivre reviendra avec le temps même si c'est long et difficile à croire. Je sais que tu es une personne forte et que tu y arriveras".
"N'oublie pas que je suis ta maman et toujours là pour te défendre contre vents et marées", avait ajouté Samira Gonthier. Des lignes sur cette dernière souhaitait partager pour mieux sensibiliser. Sur Twitter, la mère a conclu : "J'espérais naïvement que l'amour et la la force que je te donnais suffiraient, mais "ils" t'ont fait croire le contraire. Dinah, le temps s'est arrêté pour moi, en même temps que ta vie...".
Les proches de Dinah vont déposer plusieurs plaintes en complément de l'enquête ouverte par le parquet de Mulhouse pour "harcèlement".
Le harcèlement touche près d'un enfant sur dix. "Je veux dire à tous ces jeunes qui sont harcelés: nous sommes de votre côté", a déclaré ce jeudi 18 novembre Emmanuel Macron. "Nous allons renforcer les maisons des adolescents, les points d'accueil écoute jeunes, les points physiques avec des personnes qui sont là pour recevoir la parole et pour écouter partout sur le territoire."