Plusieurs écoles maternelles d'Ile-de-France, à Paris et en Seine-Saint-Denis, testent actuellement le "Fri for Mobberi". Mais qu'est-ce que c'est ? Il s'agit d'une méthode danoise pour lutter contre le harcèlement scolaire. Une méthode qui pourrait être développée dans les établissements français dès la rentrée 2023.
"Fri for Mobberi" signifie d'ailleurs "libéré du harcèlement". Cela fait déjà depuis 2005 que ce programme préventif de lutte contre le harcèlement a été mis en pratique au Danemark, au sein des écoles maternelles, mais également dès la crèche et jusqu'au CE2. 40% des crèches, 60% des écoles maternelles et 45% des écoles élémentaires emploient là-bas ce dispositif, comme le détaille Libération. Dispositif également adopté la Norvège, l'Estonie, l'Islande et le Groenland. On peut donc en déduire qu'il a fait ses preuves.
Mais en quoi consiste-t-il ?
Le "Fri for Mobberi" a pour but de prévenir et de lutter contre l'intimidation à la source du harcèlement, et plus encore l'intimidation de groupe. Au Danemark, des discussions et activités de sensibilisation sont régulièrement mises en place à l'adresse des enfants, mais également des professionnels du système scolaire et des parents, pour étudier les attitudes qui constituent les phénomènes de harcèlement, comme l'exclusion. Le programme en appelle au dialogue, au consentement, à la bienveillance et au vivre-ensemble.
"Ce programme a pour aspiration de développer les compétences psychosociales et le vivre ensemble pour prévenir le harcèlement scolaire. Il s'agit de faire en sorte que les enfants puissent développer des dynamiques de groupe positives. L'idée n'est pas forcément qu'ils soient tous ensemble tout le temps, mais qu'ils soient bons camarades les uns avec les autres, qu'ils veillent au bien-être de tout le monde. Parce que si un enfant se retrouve dans un groupe où il se sent en insécurité, ça peut créer chez lui une peur de l'exclusion sociale", détaille à Libé Margot Neuvialle, coordinatrice du programme à la Ligue de l'enseignement de Paris.
D'où l'importance d'un protocole pour réagir en cas de harcèlement. Le "Fri for Mobberi" entend y répondre par le biais de discussions pédagogiques, mais également d'outils concrets comme une peluche, "ami de tous les enfants" que ceux-ci peuvent aller voir quand ils sont tristes ou bien donner à un camarade qui le serait. Cette méthode autorise aussi les enfants à se masser pour se rassurer et créer du lien, en demandant toujours son consentement à l'autre. "Une façon dès tout petit de comprendre qu'on n'aime pas tous les mêmes choses et qu'il faut toujours l'accord des autres", détaille Margot Neuvialle.
Des notions importantes à transmettre. Notamment en France, où près d'un enfant sur 10 est harcelé chaque année à l'école. Selon les chiffres du gouvernement, 2,6 % d'élèves subiraient du harcèlement dès le stade du CM1-CM2. 5,6 % des collégiens en sont victimes, ainsi que 1,3 % des lycéens. Un phénomène qu'il faut aussi rapprocher des violences de genre. Pour le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), une montée des violences sexistes et sexuelles s'observerait effectivement chez les jeunes générations. Et ce sous plusieurs formes, du harcèlement sexuel aux réflexions sexistes "sur le physique ou la tenue".
Une réalité qui implique d'agir.