C'est un rapport qui ébranle le milieu universitaire et celui de la pharmacie. Numan Bahroun, président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie (Anepf) parle même de constats "affligeants et déplorables". A juste titre. L'organisation a publié mercredi 2 février une large enquête qui révèle l'ampleur d'un fléau qui semble profondément ancré : le harcèlement sexuel que subissent les jeunes femmes qui empruntent cette filière.
Sur 2103 personnes y ont participé, 48 % des pharmaciennes en devenir confient avoir été la cible de harcèlement sexuel durant leur cursus. Pour 55 % des répondantes, il y a eu des remarques sexistes, 27 % mentionnent qu'on les a agressées sexuellement, en grande partie lors de soirées étudiantes. Les femmes sont également deux fois plus touchées par ces actes que leurs homologues masculins, observe le sondage.
Mais ce qui en ressort, c'est également la façon dont ce comportement ne se cantonne pas aux murs de la fac. Ainsi, Théo Vitrolles, porte-parole de l'Anepf, évoque les un tiers d'étudiantes harcelées dans les officines.
"On ne s'attendait honnêtement pas à retrouver ce genre de violences", commente-t-il auprès de l'AFP. Pour ce qui est de l'hôpital en revanche, les résultats "choquants" ne sont toutefois pas étonnants. Le chiffre de 28 % d'étudiantes qui disent y avoir été harcelées correspond à ceux trouvés dans l'enquête de l'Association des étudiants en médecine (Anemf), réalisée début 2020, précise l'agence de presse.
"Ces violences sont plus répandues dans le milieu de la santé que dans les autres filières universitaires", ajoute le porte-parole de l'Anepf. Comment l'expliquer ? Par le poids des "traditions" et un "effet de mimétisme". Numan Bahroun, le président, entend toutefois "briser l'omerta". "Les étudiants ne peuvent être laissés pour seuls acteurs de cette lutte", ajoute-t-il. Et d'appeler à une prise de conscience urgente suivie de mesures concrètes, "pour qu'aucun ne soit plus jamais confronté à ces horreurs".
Avec ce rapport, l'Anepf a élaboré 13 propositions pour "améliorer la formation des étudiants et associations à ce sujet, améliorer l'accompagnement des victimes, permettre un signalement en temps réel".