C'est une révélation qui indigne. Dans la région de Marathwada, et plus précisément à Beed, en plein centre de l'Inde, nous apprend le site d'informations Firepost suite à plusieurs enquêtes de terrain, un nombre excessif de coupeuses de canne à sucre ont eu à subir des hystérectomies.
Mais pourquoi cette pratique médicale est-elle si courante ? La raison abasourdit : il s'agirait d'améliorer l'efficacité des travailleuses. L'ablation de l'utérus permettrait effectivement aux employeurs de "s'épargner" les baisses de rendement engendrées par les menstruations de leurs ouvrières. Des interventions forcées - et banalisées - dont le coût peut atteindre 40 000 roupies, soit 500 euros. Une peine en plus pour ces petites mains qui ne peuvent à peine espérer toucher que 400 euros par saison.
36 % des femmes auraient fait l'objet de cette intervention chirurgicale devenue monnaie courante au sein des cliniques privées, nous apprend une étude datée de 2018. En prenant seulement en compte les cinq premiers mois de 2019, l'on attend déjà un taux des plus critiques : 21 % de femmes seraient directement concernées. Depuis 2016, 4 500 ablations auraient été ainsi réalisées dans le plus assourdissant des silences médiatiques. Ces interventions viennent alourdir une longue liste de contraintes. Pas d'assurance maladie. Des journées de labeur qui, en période de moissons, commencent dès deux heures du matin. Et, comme l'indique Firepost, "des discriminations en termes de salaire, du harcèlement sexuel".
Abus médicaux, mariages forcés, agressions sexuelles et attaques à l'acide : l'Inde est le pays le plus dangereux au monde pour les femmes selon la Fondation Thomson Reuters. Par-delà cette réalité, l'exemple de Beed nous rappelle que l'exploitation des femmes au travail passe bien souvent par l'exploitation de leur corps. Suite à ces révélations, un responsable gouvernemental du département de la santé publique aurait annoncé la création d'un comité destiné à enquêter sur les hôpitaux incriminés, ainsi que la mise en place d'un protocole voué à réguler ce genre de pratiques illégales. Mais toutes celles qui souffrent attendent encore.