"Le meilleur prix, celui que nous méritons tous, serait de pouvoir rentrer chez nous en toute sécurité". Ces mots puissants sont ceux de la mannequin transgenre Indya Moore, bien connue des fans de la série Pose. Ce jeudi 5 septembre, à l'occasion de la septième édition des Daily Media Fashion Awards, l'actrice de 24 ans recevait le prestigieux prix de la meilleure Une de magazine. Récompensée pour cette belle couverture du magazine Elle de juin 2019, l'égérie de Louis Vuitton a brillé par la force de son geste. Sur scène, elle a défendu les droits des femmes transgenre en leur rendant un hommage éminemment symbolique.
Tout est dans les détails. Voyez plutôt. Ce soir-là, sur le tapis rouge, Indya Moore portait de ravissantes boucles d'oreille. Des bijoux riches de sens, en vérité : soigneusement conçues par le créateur Areeayl Yoseefaw, ces boucles se comptent au nombre de seize. Pourquoi ? Car tel est le nombre des femmes transgenre assassinées depuis le début de l'année aux Etats-Unis. Et sur chacune de ces boucles, on remarque d'ailleurs la photo desdites victimes. De quoi envisager ces bijoux comme une sorte d'autel à leur mémoire.
Hélas, entre la conception de ce bijou et sa présentation lors l'événement, on a dénombré (encore !) un assassinat de plus, dans l'Etat de Baltimore. Une victime de trop. De quoi conférer d'autant plus d'impact au geste de la jeune artiste. Et à ses mots...
Car si elle s'avoue touchée de la reconnaissance publique qu'elle suscite, Indya Moore désire avant tout mettre en lumière les anonymes qui, chaque jour, subissent les plus viles formes de discrimination. A savoir, ces personnes transgenre loin d'être "choyées" par le gouvernement Trump, et qui méritent "des soins de santé, un logement, la sécurité et une visibilité : des couvertures de magazines, une place dans les défilés, des rôles principaux dans les films et à la télévision", a ajouté la comédienne le temps d'un poignant post Instagram. Dans cette publication, elle dénonce les fortes inégalités qu'elle observe. D'un côté, une médiatisation toute relative des personnes transgenre, et de l'autre, une ignorance totale concernant ceux et celles qui se trouvent trop loin des spotlights, "dans la rue".
"Alors que nous représentons 0,6% de la population américaine, l'espérance de vie des femmes transgenre est seulement de 35 ans", a-t-elle encore déploré. Sur Instagram, la mannequin loue avec force leur "liberté d'exister". Et désire sensibiliser population et gouvernement à une situation plus que critique. Cette situation alarmante, le magazine de société The Cut la définit à juste titre comme "une épidémie nationale croissante".
Respect, visibilité, reconnaissance, sécurité et liberté sont encore de l'ordre de l'utopie pour les femmes transgenre, victimes de toutes sortes de violences au sein de la société américaine. Et plutôt que de l'ignorer, Indya Moore nous invite à porter cette réalité sur nous. Un mouvement fédérateur.