Instagram continue sa grande croisade contre les contenus pornographiques (ou du moins, jugés pornographiques par les gérants de l'application) en censurant toujours plus de hashtags. Après l'affaire de l'emoji aubergine (utilisé pour représenter un pénis) et du hashtag #Curvy (qui a depuis été réactivé), Instagram a choisi cette fois de s'en prendre aux "déesses".
Parmi les termes qui sont utilisés pour promouvoir l'amour de soi et de son corps et pousser les femmes à s'accepter et se célébrer, celui de "déesse", ou goddess en anglais, est très utilisé dans les pays anglophones. Il nous ramène à l'essence-même du pouvoir dit féminin, à une vision ancestrale de la femme puissante et donneuse de vie, datant d'avant tout courant religieux centré sur un Dieu mâle - à l'origine du monde, en somme. Il y a effectivement quelque chose de très réconfortant à chercher son pouvoir dans une vision pré-biblique, qui rend ce combat pour l'égalité et la représentation plus légitime puisqu'il l'ancre dans une histoire plus ancienne au lieu d'en faire un courant novateur et marginal.
Et puis c'est quand même assez classe de se qualifier de déesse et de se rapprocher de divinités féminines, trop souvent oubliées dans les récits religieux pour laisser place aux dieux mâles jugés plus puissants et virils (alors que quelques recherches vous prouverons que dans beaucoup de religions polythéistes, les divinités féminines sont capables de faire tout autant de dégâts).
Du coup, sur Instagram (ainsi que sur les autres réseaux sociaux et beaucoup de blogs de développement personnel), le terme #goddess est souvent utilisé pour marquer les posts en lien avec ces quêtes de prise de pouvoir et d'émancipation personnelle. Mais aujourd'hui, toutes les utilisatrice du hashtag se retrouvent fort dépourvues : en effet, Instagram a décidé de le censurer.
Pour quelle raison ? Parce qu'en plus de ces milliers de publications positives et inspirantes, le hashtag a tendance à abriter des photos de femmes nues - corps contre lesquels l'application part régulièrement en guerre, comme en témoigne le fameux mouvement #FreeTheNipple.
Mais là où ça coince, c'est que des termes beaucoup plus explicites, clairement sexuels et/ou pornographiques, sont toujours accessibles, même si l'application fait très régulièrement le ménage dans ses tags.
Heureusement, la censure est un peu contournable : la version au pluriel, #goddesses, est toujours disponible. Il est juste déplorable de constater que les termes qui se font dégommer sont souvent ceux que les femmes utilisent pour véhiculer des messages positifs et encourager les autres femmes à s'aimer un peu plus et à vivre mieux.