Près de deux mois après l'adoption par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy du projet de loi limitant l'avortement en Espagne, la mobilisation ne faiblit pas. Et pour cause, cette mesure, véritable recul pour le droit des femmes, restreint l'accès à l'IVG qu'elle n'autorise plus qu'en cas de danger pour la santé physique ou psychologique de la femme ou après un viol pour lequel une plainte a été déposée. Depuis plusieurs semaines, des actions de protestation réunissant plusieurs milliers de personnes se multiplient en Espagne. Mais le 5 février dernier, à l'appel de l'artiste Yolanda Dominguez, c'est dans une démarche insolite que se sont lancées plusieurs centaines de femmes : elles se présentent dans les différentes chambres de commerce du pays, de Madrid à Bilbao ou Séville, pour enregistrer leur corps au Registre de la propriété.
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« Le corps des femmes est un territoire qui doit être reconquis par ces dernières : il a été moulé par et pour les autres, converti en un objet, utilisé comme une marchandise, agressé, manipulé et soumis à des stéréotypes impossibles », déplore Yolanda Dominguez sur son blog. Au quotidien El Pais, l'activiste a expliqué avoir voulu, à travers cette action originale, « certifier de manière officielle que notre corps nous appartient ». Pour elle en effet, la nouvelle législation concernant l'avortement, représentative du traitement archaïque réservé aux femmes, est la « goutte d'eau qui a fait déborder le vase ». Sur son compte Twitter, chaque jour, elle appelle ainsi ses followers à s'engager dans ce combat féministe et à suivre le mouvement.
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Jusqu'en décembre dernier, en Espagne, l'avortement était autorisé jusqu'à 14 semaines de grossesse sans justification et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du fœtus ou de mise en danger de la mère. Forcément, la suppression de cette législation votée sous le précédent gouvernement socialiste a provoqué une levée de boucliers dans une grande partie de l'Europe. Pour preuve, le 1er février dernier, une importante mobilisation avait lieu à Madrid où, selon un récent sondage, 78% des personnes interrogées étaient contre la réforme du droit à l'avortement. Mais d'autres manifestations avaient également eu lieu simultanément à Londres, Paris et dans plusieurs autres villes de France.