Sophie Heraud : En effet. C’était une promesse de campagne de François Hollande et nous y sommes bien sûr favorables. Nous espérons que cela sera vraiment fait. Actuellement, le ticket modérateur à payer était parfois rebutant pour certaines femmes qui ont des faibles revenus. Une IVG en hôpital public coûte aujourd’hui 383,32 € et est remboursée à 80%, et pour une IVG médicamenteuse il faut compter 191,74 €, remboursée à 70%.
S. H. : Le problème majeur est la valorisation de cet acte. Une IVG par aspiration sous anesthésie générale coûte 383 € en hôpital public, en revanche pour le même acte en cas de fausse-couche, il faut compter 1 380 €. Autrement dit, pour le même acte, l’hôpital ne touche pas la même somme. Par conséquent les hôpitaux cherchent à pratiquer moins d’IVG puisqu’elles ne sont pas rentables, et les centres qui pratiquent l’IVG ferment les uns après les autres. On rejoint ainsi la deuxième difficulté, qui concerne les restructurations - que nous appelons « déstructuration » - des hôpitaux. Quand on décide de fusionner trois maternités en Ile-de-France, on attribue forcément moins de personnel, moins de blocs opératoires, et moins de temps pour les IVG. Il faudra donc, après avoir acté le remboursement à 100% pour les patientes, revaloriser cet acte autour de 600 € pour que les hôpitaux acceptent de pratiquer plus d’IVG.
S. H. : Evidemment, toutes ces politiques doivent être complémentaires. Nous sommes très favorables à la pilule du lendemain, tout comme à la promotion du préservatif. Il faut être là à toutes les étapes du parcours de la vie sexuelle d’une jeune fille : préservatif, pilule, dispositif intra-utérin… Malheureusement, il faut accepter le fait que l’IVG fasse parfois partie de ce parcours. C’est un leurre de croire qu’on va supprimer les IVG en mettant toutes les femmes sous pilule. L’oubli de pilule est une réalité pour toutes. En effet, le taux d’IVG ne diminue pas, mais il faut considérer aussi que la population féminine augmente…
La contraception en débat : le dossier de la rédaction
Contraception d'urgence : la pilule du lendemain encore taboue en France
Marine Le Pen : « il faut cesser de rembourser l’avortement »