"Tout ce que je peux dire, c'est que, depuis le mouvement #MeToo, je ressens comme un changement d'époque. C'est comme la chute du mur de Berlin ou la fin de l'apartheid, pour nous, les femmes". Interrogée lors d'une conférence de presse pour son nouveau film à la Mostra de Venise, la réalisatrice australienne Jane Campion, première réalisatrice à avoir remporté la Palme d'or à Cannes (La leçon de piano, 1993) avant que ne lui succède la Française Julia Ducournau et son ovniesque Titane, n'a pas caché son enthousiasme quant aux nouvelles révolutions féministes.
"Toutes ces filles se débrouillent très bien, même si je sais que les statistiques ne sont toujours pas en notre faveur", a poursuivi la cinéaste, qui revient cette année sur le devant de la scène avec Le pouvoir du chien, un western déjà acclamé lors des premières projections à Venise. Il s'agit du premier long-métrage de la cinéaste depuis Bright Star : cela faisait plus de dix ans que Campion, passée par les séries télévisées (la production BBC remarquée Top of the Lake), n'était pas revenue au cinéma.
Mais là n'est pas la seule tirade féministe de la réalisatrice.
Adapté d'un roman de Thomas Savage, Le pouvoir du chien met notamment en scène un propriétaire de ranch brutal. Une violence masculine incarnée à l'écran par le charismatique Benedict Cumberbatch, et que la réalisatrice australienne cherche à décrypter avec subtilité à travers sa caméra.
"Le film parle de masculinité toxique. Essayer de le comprendre et de la reconnaître, c'est la seule façon de changer cette masculinité. Vous ne pouvez pas simplement vous y opposer, cela reviendrait à mettre de l'huile sur le feu. Vous devez comprendre pourquoi ces hommes causent des dommages aux autres et à eux-mêmes. Aborder et remettre en question la masculinité toxique n'est pas suffisant", a ainsi poursuivi Jane Campion.
Dans le cadre de cette avant-première, Jane Campion a également qualifié le capitalisme de "force macho". A l'écouter, la masculinité toxique a aussi bien trait "aux dirigeants mondiaux qu'à notre propre quotidien ou culture". Bref, c'est un phénomène global, qui en dit long sur les rapports de pouvoir et les stéréotypes de genre traversant notre société patriarcale. Un vaste sujet pour une cinéaste experte en portraits de femmes.