Jean-Luc Godard serait décédé "paisiblement" ce 13 septembre à son domicile entouré de ses proches à Rolle, commune suisse du canton de Vaud. La figure emblématique de la Nouvelle Vague aurait décidé d'avoir recours au suicide assisté.
En Suisse, l'assistance au suicide est pratique qui n'est pas réglementée de manière spécifique mais autorisée à certaines conditions, comme le rappelle Libération. "Monsieur Godard a eu recours à l'assistance légale en Suisse d'un départ volontaire suite à de 'multiples pathologies invalidantes' selon les termes du rapport médical", a expliqué Patrick Jeanneret, le conseil juridique et fiscal de la famille.
En quoi consiste un "suicide assisté" alors que le droit suisse n'autorise pas l'euthanasie ? "L'assistance au suicide consiste à fournir au patient la substance mortelle qu'il ingérera alors lui-même, sans intervention extérieure, pour mettre fin à ses jours", souligne le site de l'administration suisse.
Une décision qui tenait à coeur au cinéaste, et qui ouvre un vrai débat de société.
"JLG" était volontiers revenu ces dernières années sur cette décision. Face au journaliste suisse Darius Rochebin, il déclarait ainsi en 2014 : "Je ne veux pas forcément mourir le plus tard possible. Je ne suis pas anxieux de poursuivre à toute force. Si je dois être malade, je n'ai aucune envie d'être traîné dans une brouette...".
"Je pourrais recourir au suicide assisté. Pour l'instant, c'est encore très difficile. Récemment, l'Europe a donné tort à la Suisse dans un jugement sur une femme qui n'avait rien, mais qui voulait disparaître. Les médecins ont dit non alors que les normes européennes autorisent ça", avait encore poursuivi Godard.
Le cinéaste s'était maintes fois exprimé sur l'enjeu de la fin de vie en interview. A Elisabeth Quin, dans l'émission 28 Minutes, il avait ainsi poétiquement conclu : "Vers la fin, il reste l'espérance. L'espérance, oui. D'une manière plaisante, Denis de Rougemont disait : 'Nous ne sommes sauvés qu'en espérance. Mais cette espérance est vraie'".
L'annonce du suicide assisté de Jean-Luc Godard tombe alors que le Comité d'éthique vient d'estimer qu'une application de l'euthanasie serait possible en France "à certaines conditions strictes". "Jusqu'alors, l'instance s'était prononcée contre une modification de la loi Claeys-Leonetti datant de 2016 et interdisant l'euthanasie et le suicide assisté", précise FranceInfo.
Le président Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'une consultation citoyenne dès octobre sur ce sujet ultra-clivant en vue d'une possible loi fin 2023.