Jusqu'à récemment, le monde ne connaissait pas forcément le nom de Rachel Levine. Mais cela va changer. Car en ayant été nommée ministre adjointe de la Santé par Joe Biden, l'experte deviendra la première femme transgenre à occuper un poste gouvernemental aux Etats-Unis. Excusez du peu. C'est dire si, avant même ses premières initiatives, elle est déjà entrée dans l'Histoire. Et pas par la plus confortable des portes.
Car l'on s'en doute, la question de la santé est un poste qui génère bien des enjeux en temps de pandémie mondiale. Aux Etats-Unis, on estime à plus de 24 millions le nombre de citoyens ayant contracté le coronavirus. Le nombre de morts, quant à lui, est également considérable : on l'évalue à plus de 40 000, précise France 24. Constamment dédramatisée (si ce n'est tout à fait niée) par Donald Trump, la pandémie dévastratrice du Covid-19 se doit désormais d'être pleinement prise en considération par l'Amérique de Joe Biden.
Et, quand bien même sa nomination est encore en attente de confirmation par le Sénat américain, c'est entre autres le visage de Rachel Levine qui incarnera ce virage stratégique de première urgence. Fondamental.
Un profil tout à fait cohérent en temps de crise sanitaire.
Car le regard de Rachel Levine ne manque pas de lucidité. Directrice de la Santé de l'Etat de Pennsylvanie depuis quatre ans déjà, cette diplômée de la prestigieuse université de Harvard est également une professeure d'université reconnue, évoluant dans les domaines de la pédiatrie et de la psychiatrie.
Au fil de ses recherches passées, Levine s'est autant attardée sur la santé des adolescents et les troubles de l'alimentation que sur les dispositions de la médecine face aux personnes LGBTQ. C'est dire si son expertise scientifique est plurielle. De quoi seconder avec tact le ministre de la Santé Xavier Becerra.
En dehors de ses champs de spécialisation divers, Rachel Levine est évidemment un choix historique. C'est d'ailleurs ainsi que la désigne le président démocrate Joe Biden, qui l'espace d'une communication officielle, a également salué son "extrême qualification pour mener à bien les politiques de santé". De quoi rassurer la frange la plus conservatrice du peuple américain ? En tout cas, une chose est sûre : cette nomination fera date.
C'est en tout cas ce dont est persuadée Annise Parker, ancienne maire démocrate de l'Etat de Houston (Texas) et militante des droits des personnes LGBTQ. "Dr. Levine entre dans l'histoire. Sa nomination est révolutionnaire et montre que l'administration Biden compte bien choisir les personnes les plus qualifiées pour diriger notre pays", s'est-elle enthousiasmée du côté de l'Associated Press. On a déjà connu pire intronisation politique.
"La Dr. Rachel Levine apportera le leadership et l'expertise essentiels dont nous avons besoin pour aider les gens à traverser cette pandémie - quelles que soient leur situation, leur religion, leur orientation sexuelle, leur identité de genre. Elle sera aussi capable de répondre aux besoins de santé publique de notre pays dans cette situation critique, et même au-delà", a de son côté achevé le 46ème président des Etats-Unis.
Répondre aux besoins d'aujourd'hui, oui, mais en rectifiant les décisions d'hier : jamais avare en transphobie, Donald Trump avait notamment exprimé sa volonté d'interdire aux personnes transgenres tout enrôlement au sein l'armée - une décision finalement contestée par le Pentagone en 2018. Le choix galvanisant de Rachel Levine nous suggère que, décidément, l'Amérique de Biden ne sera vraiment pas celle de Trump.