Monde
L'Arabie saoudite à la tête d'un groupe de l'ONU chargé des droits de l'homme : une mauvaise blague
Publié le 22 septembre 2015 à 18:25
Par Eddy Sabeba
L'Arabie Saoudite à la tête d'un groupe de l'ONU en charge des droits l'Homme ? Non, ce n'est pas une blague. Pour preuve, la récente nomination de l'ambassadeur saoudien, de Faisal bin Hassan Trad, amené à chapeauter un groupe de cinq diplomates, notamment sur les questions de droits des femmes...
Faisal bin Hassan Trad (à gauche). Faisal bin Hassan Trad (à gauche).© Capture écran Twitter @KenRoth
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Si promouvoir un pyromane à la tête d'une caserne semble inconcevable, nommer un représentant de l'un des pays les plus rétrogrades en matière de droits de l'Homme au sommet d'un groupe de diplomates justement en charge des questions de droits de l'Homme ne pose pas de problème aux Nations Unies.

Observer et rapporter les atteintes aux droits de l'Homme

Faisal bin Hassan Trad, représentant de l'Arabie saoudite au sein du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU - une instance basée à Genève et dont le but principal est d'aborder des situations de violations des droits de l'Homme et d'émettre des recommandations à leur encontre - a ainsi pris les rênes, lundi 21 septembre, d'une commission de cinq diplomates chargés... d'observer et rapporter les atteintes aux droits de l'Homme dans le monde.

Une nomination qui a provoqué l'ire des associations de défense des droits de l'Homme, dont celle de l'ONG UN Watch. "Il est scandaleux que les Nations Unies choisissent un pays qui a décapité plus de personnes que l'Etat Islamique", lâche l'organisation dans un communiqué publié hier .

88 personnes décapitées en Arabie saoudite depuis le début de l'année

En effet, 88 personnes (plus de 90 selon Amnesty International) auraient été décapitées, depuis le début de l'année, en Arabie saoudite. Soit déjà l'équivalent du total d'exécutions enregistrées dans le royaume en 2014. Les condamnés à mort sont, pour la moitié, des personnes accusées de trafic de stupéfiants et des hommes et des femmes jugés coupables de meurtre. Parmi ces dernières, Sitti Zeineb, une employée de maison indonésienne, exécutée en mai dernier pour meurtre malgré des éléments évoquant de possibles troubles mentaux.

Le royaume wahhabite figurait, en 2014, parmi les pays à exécuter le plus de condamnés, derrière l'Iran et la Chine. Le ministère public saoudien n'avait d'ailleurs pas hésité, au printemps dernier, une offre d'emploi pour le recrutement de huit bourreaux, embauchés en tant que fonctionnaires, pour exécuter des sentences et des amputations.

En outre, le Royaume dirigé par le roi Salmane s'apprête à exécuter, en public, Ali Mohammed al-Nimr, 21 ans . Principal tort de chiite : avoir participé, en 2012, à une manifestation contre le régime dans la région de Qatif. Âgé de 17 ans au moment des événements et accusé par le pouvoir d'appartenir à "une organisation terroriste" et d'avoir jeté "des cocktails Molotov contre les forces de l'ordre", il aurait, d'après l'ONG Reprieve, signé des aveux sous la torture.

Le condamné sera décapité demain. "Son corps sera ensuite monté sur une croix et exposé publiquement jusqu'au pourrissement de ses chairs", précise Le Figaro.

L'un des pays les plus rétrogrades en matière de droits des femmes

Faisal bin Hassan Trad et les diplomates placés sous son autorité auront notamment pour mission de recruter un membre du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire et un rapporteur spécial sur la violence contre les femmes. Un comble quand on sait que l'Arabie saoudite a condamné en début d'année le blogueur saoudien Raif Badawi à dix ans de prison et 1.000 coups de fouet pour avoir critiqué l'Arabie saoudite et l'Islam. Encore plus au regard de la condition féminine dans le pays. Des Saoudiennes qui, si elles ont le droit de vote depuis peu, n'ont toujours pas le droit de conduire et ne peuvent prendre quasiment aucune décision sans l'aval de leur famille ou de leur mari.

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