Au départ, rien ne semblait prédestiner Valérie Touze à devenir entrepreneuse et, encore moins développeuse d'application. Après des études d'économie au Canada, au Royaume-Uni et en France, elle décroche un poste en tant que consultante en management, à Londres. Trois ans passent et Valérie fait un choix capital : retourner sur les bancs de l'école, pour devenir éducatrice Montessori. Et elle le sera, durant huit ans dans une école internationale, à Paris. En 2010, alors que son quatrième enfant entre à l'école, elle a l'idée avec deux de ses amies, Marilyne Maugin et Gaël de Dorlodot, de monter Edoki (à l'origine baptisée Les 3 Elles), des applications interactives, pour enfants. Mieux encore, elle est celle qui a mis Montessori sur tablette, pour les petits du monde entier, de 3 à 11 ans. Deux millions de téléchargements et une fusion plus tard (la start-up Edoki a fusionné avec Seven Academy début 2016, pour devenir Edoki Academy), Valérie Touze partage avec nous ses astuces pour réussir à concilier cette vie d'entrepreneuse à succès et son rôle de mère de famille.
C'est Google Hangouts, une application qui permet d'écrire des messages et également de faire des visioconférences. Sachant que j'ai des bureaux à Montréal et qu'il y a encore peu de temps, j'avais une associée à Paris et l'autre à Hong-Kong, c'était primordial pour moi d'avoir cette appli.
Il faut savoir que j'ai de grands enfants, de 10, 13, 16 et 18 ans. Alors l'appli kids qui me sauve la vie c'est Pronote. Elle m'aide à toujours garder un oeil sur les devoirs en cours et leurs notes. Et sachant qu'ils n'écrivent pas forcément tout, c'est un très bon outil de liaison entre la maison et l'école.
Après bien sûr, il y a toutes les applications Edoki Academy ! Mais comme mes enfants sont un peu grands maintenant...
Alors évidemment comme je travaille dans le digital, je fais tout sur Internet ! Je commande même mes fringues. Alors merci Vente Privée et Amazon ! (Rires). Mais le web m'aide aussi beaucoup quand je fais les courses.
Et puis, comme j'ai de grands enfants, je leur ai appris à être autonomes mais tout en les surveillant bien sûr. Et grâce à ça, j'ai pu apprendre à déléguer. Et je pense que c'est très important si l'on veut avoir le temps de tout faire.
Déjà le matin, tous mes enfants partent à 8h. Etant donné que je suis à Londres, c'est l'horaire habituel. Et, sensiblement à la même heure, je commence à travailler de chez moi. Ensuite, je m'octroie 1h30 de pause et je l'utilise pour faire du sport ou bien pour aller déjeuner avec des amis. Puis, je travaille de nouveau, jusqu'à 19h cette fois.
Donc mes journées sont vraiment très chargées. Par contre, passée cette heure, je ne travaille plus. C'est pour que d'une certaine façon ma vie professionnelle n'empiète pas sur ma vie personnelle. Même si cela reste un peu compliqué sachant que je travaille de la maison, donc il n'y a pas vraiment de délimitation.
Je dirais deux mots : déculpabiliser et ensuite organisation. Je pense que si on arrive à anticiper et à bien s'organiser, on évite d'être débordée. A côté de ça, on ne peut pas passer notre vie à se demander si on a fait les bons choix, si on est une bonne mère, si on aurait pas dû faire ceci ou cela... Du moment que l'on fait ce qu'on aime et qu'on est droite dans ses bottes, on devrait être une working mum épanouie. Et puis, il ne faut pas oublier qu'une maman épanouie, ce sont aussi des enfants épanouis.
Cette question est difficile... (Rires). Je pense qu'il n'y a qu'à la gym où je ne pense plus du tout à rien, encore que j'ai une Apple Watch maintenant, donc je vois tous mes mails. Mais généralement durant mon sport, j'arrive à faire abstraction.
Aujourd'hui, ce sont mes enfants. Mais quand j'en avais quatre en bas âge, c'étaient ma mère et ma belle-mère. Sans elles, je n'aurai jamais pu tout gérer. Elles ont été très présentes et je les remercie.
Cela aurait été plus rapide de vous dire à quel moment je n'ai pas failli craquer ! (Rires). Et le pire, c'est que c'est vraiment ça. Il y a toujours quelque chose qui peut nous faire craquer à n'importe quelle heure de la journée. Mais bon, le plus important reste de toujours réussir à aller de l'avant.
Mais je me rappelle d'un jour où, quand elle avait 8 ans, ma fille m'a dit qu'elle préférait vivre dans la poubelle que chez moi. Et c'est là où on se rend compte qu'il est primordial d'être à leur écoute et de passer du temps avec eux. Il y a eu des moments dans cette aventure d'entrepreneur où, même si j'étais là physiquement, mentalement ce n'était pas le cas. Et ça, les enfants, s'en rendent vite compte et sont là pour vous le rappeler.
Honnêtement, je trouve qu'au XXIeme siècle, ce n'est pas évident de s'identifier à quelqu'un. J'aurais plutôt tendance à dire que je m'inspire autant des erreurs de mes pairs que de leurs succès.
Qu'il faut arrêter de croire au mythe de la superwoman ! Elle n'existe pas et surtout ça colle une pression qui, elle, risque de véritablement nous faire craquer. Il est important de pratiquer le lâcher prise certaines fois.
Et puis les femmes parfaites, ça énerve tout le monde et ça n'existe pas ! Alors, qu'on arrête de tout vouloir contrôler et être bonne partout. Et si on part dans la vie en ayant conscience de tout ça, je pense que c'est de cette manière que l'on peut y arriver.