L'anorexie mentale et la boulimie, on connaît. Dans le premier cas, le malade s'impose des restrictions caloriques drastiques, ce qui peut mener à des carences et à la mort. Dans les cas de boulimie le malade ingère de grandes quantités de nourriture dans le cadre de " crises ", avant de se fait généralement vomir.
Beaucoup moins connue et non-répertoriée dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (l'ouvrage de référence en psychiatrie), l'ortherexie est néanmoins un trouble bien réel et serait aussi courante que l'anorexie et la boulimie réunies. Elle se caractérise par une obsession de la nourriture saine (qui n'a rien à voir avec une quête de la minceur). Les aliments perçus comment mauvais sont impitoyablement éliminés de l'assiette (tout ce qui contient des colorants, des conservateurs, des glucides, des produits chimiques, des graisses, un élément susceptible d'être cancérigène...) au profit des aliments perçus (tout personnellement) comme "purs". L'individu passe alors " plus de trois heures par jour à penser à son alimentation", explique le psychiatre Gérard Apfeldorfer, président d'honneur du Groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids (GROS) dans un article du Monde daté de 2012. "Son idée de base est qu'une alimentation parfaitement saine la préservera de la maladie, de la vieillesse, voire de la mort ". Nul besoin de préciser que l'alimentation est alors radicalement déconnectée de toute préoccupation de goût ou notion de plaisir.
Difficile de quantifier la population " orthorexique ". En 2004 cependant, l'Université de Rome interrogeait 400 personnes dans le cadre d'une étude. 6,9 % d'entre elles présentaient des comportements orthorexiques (en majorité des hommes). Pas négligeable quand on sait qu'anorexie mentale et boulimie toucheraient 5% à 10% de la population.