Il n'aura fallu que 48 heures après son édification pour que la statue "Fearless girl" (fillette sans peur) soit profanée par des idiots misogynes. Le 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes, le quartier financier de Wall Street, à New York, accueillait une nouvelle oeuvre d'art signée de l'artiste Kristen Visbal. Haute d'environ 1,20 mètre, la statue représente une petite fille déterminée, poings sur les hanches, faisant face sans frémir à la monumentale statue de taureau ("Charging Bull").
Portant bien son nom de "Fearless girl", l'oeuvre d'art symbolise le leadership au féminin dans un monde de la finance qui peine encore à laisser aux femmes la place qu'elles méritent. "Wall Street est traditionnellement un environnement masculin qui dit : 'Hey, nous sommes là.' Pour moi, cela signifie qu'une femme peut être délicate et petite, mais forte", a expliqué au Wall Street Journal Kristen Visbal.
Il n'en fallait malheureusement pas plus pour que ce beau symbole d'empowerment au féminin soit sali par des financiers idiots. Vendredi 10 mars, aux alentours de 18 heures, un homme travaillant visiblement dans le quartier d'affaires a été repéré en train de mimer un acte sexuel avec la statue de la fillette. La scène a été photographiée par Alexis Kaloyanides, une designeuse en architecture de 34 ans. Elle témoigne sur le site Inside Edition : "C'était une belle nuit... Il y avait environ 15 ou 20 personnes là-bas. Nous avons commencé à parler de la statue, une petite fille d'environ 5 ou 6 ans a fièrement posé à côté d'elle sur une photo", commence-t-elle. C'est là qu'un groupe d'hommes a eu un comportement "obscène et totalement inapproprié". "Ces trois hommes sont venus vers nous, et au début, se sont suspendus aux cornes du taureau. Puis ce gars s'est précipité vers la statue de la fillette et a commencé à se frotter contre elle."
Alexis Kaloyanides raconte que la scène a choqué de nombreux spectateurs, qui ont hué l'homme. Ce dernier a ri avant de repartir avec ses amis. "Il est parti dans les 20 secondes, mais ça a ruiné l'ambiance de la scène. Il y avait là des gens qui parlaient de l'autonomisation des femmes et des enfants et pour eux, assister à ces vingt secondes a souillé leur droit. C'est révoltant", a-t-elle ajouté.
"Ça perpétue la mentalité 'les garçons restent des garçons' et l'idée que "ça va, c'est juste une blague, passe à autre chose", poursuit la jeune femme. "Ce jeune homme a probablement une mère, une soeur peut-être, une petite amie, une femme ? – qui sait ? Je commence à être fatiguée à leur trouver des excuses et à en rire. Alors pour une fois, je ne vais pas en rire du tout." Et d'ajouter : "Ce crétin est la raison pour laquelle nous avons encore besoin du féminisme."
Postée sur son compte Facebook, la photo de l'homme offensant la statue a très vite été partagée plus de 28 000 fois. Son écho a été tel qu'il a attiré l'attention du maire de New York, Bill de Blasio, et de sa femme Chirlane McCray. Ils ont tous deux condamné l'attitude de l'homme et dénoncé la "culture du viol" qui sous-tend un tel comportement.
"Simuler une agression sexuelle - surtout sur la statue d'une très jeune fille - n'a rien de drôle."
"Ceci est la culture du viol."