"Ça m'a perturbée, ça m'a mise en colère, j'ai eu l'impression qu'on me manquait vraiment de respect, c'est inacceptable et inexcusable en toutes circonstances". C'est une colère aussi intense que légitime qui traverse l'une des dernières publications Instagram de la mannequin australo-soudanaise Adut Akech. D'où éclot cette indignation ? D'une démonstration affligeante de racisme ordinaire. Effectivement, Adut Akech a fait l'objet d'un article dans le magazine Who, un hebdo lifestyle australien. Sauf que la photographie qui illustre cet article, intitulé "Model Moves", n'est en rien son portrait, mais celui d'une autre mannequin noire, la modèle Flavia Lazarus.
Pour cette mannequin renommée de vingt ans, que l'on a aussi bien vu défiler pour Yves Saint Laurent, Givenchy et Prada que Calvin Klein et Versace, ce n'est pas juste une simple "gaffe" d'iconographie, mais le signe d'une discrimination banalisée, au sein du monde de la mode et de l'industrie du spectacle en général. "J'ai l'impression que ce sont toutes les personnes noires qui sont méprisées de la sorte", nous explique-t-elle. A la lire, il ne fait aucun doute que "cela ne serait pas arrivé avec une mannequin blanche".
Dans sa publication, celle qui l'an passé fut sacrée "mannequin de l'année" par Models.com (l'un des sites les plus influents de la sphère fashion), fustige l'attitude de ceux et celles qui, apparemment, "pensent que toutes les filles noires et toutes les personnes d'origine africaine se ressemblent". Et s'il fallait une preuve concrète que ce préjugé perdure, le magazine australien nous en livre une noir sur blanc. "La personne qui a fait ça a clairement cru que c'était moi sur cette photo et ce n'est pas acceptable [...] Je suis sûre que je ne suis pas la seule personne qui a vécu ça et ça doit s'arrêter. On m'a plusieurs fois appelée par le nom d'autres mannequins qui avaient la même appartenance ethnique que moi", développe-t-elle à ses cinq-cent mille followers.
Oui, les responsables de Who Magazine se sont excusés auprès des deux mannequins, précisant que l'erreur était autant inacceptable qu'"administrative et non intentionnelle". Mais le mal est fait. Adut Akech espère que ce bad buzz, qu'elle envisage avant tout comme un manque de respect et un acte flagrant d'ignorance, fera l'effet d'une "prise de conscience pour les gens qui travaillent dans ce business". Hélas, comme le précise le magazine de mode indépendant Paper Mag, ce n'est pas la première fois qu'une telle bévue arrive. L'on se rappelle par exemple de cet article de Vogue (cette année encore !), au sein duquel le nom de l'activiste, journaliste et conférencière américano-musulmane de vingt-quatre ans Noor Tagouri avait été confondu avec celui de l'actrice pakistanaise Noor Bukhari. "Une erreur douloureuse", selon la revue, ajoutant "qu'il existe un problème plus large d'identification erronée dans les médias". La preuve aujourd'hui...