L’histoire commence il y a quasiment 10 ans. Brian Chesky fait des études de design à la Rhode Island School of design et y rencontre son futur associé, Joe Gebbia. « Nous savions qu’un jour nous monterions une société ensemble, restait à trouver la bonne idée », se souvient Brian Chesky, 30 ans. C’est alors que les deux acolytes déménagent à San Francisco, où les loyers sont très élevés, que l’idée leur vient. Pourquoi ne pas sous-louer une chambre de leur appartement pour se faire un peu d’argent de poche ? Ils profitent d’un congrès politique et du fait que tous les hôtels de la ville soient complets pour organiser dans l’appartement où ils vivent en colocation un bed and breakfast pour les participants à cette conférence. « Joe a sorti de ses placards des matelas gonflables (air bed) et nous avons décidé de lancer un « air bed and breakfast » chez nous, pour quelques jours ». Et le concept fonctionne : trois participants au congrès répondent aux annonces qu’ils ont postées en ligne et viennent loger chez eux. « Cela fut une expérience formidable : nous avons pu rencontrer ces personnes qui venaient de trois pays différents, leur faire découvrir la ville et au passage économiser un peu sur notre loyer », explique Brian. « Lorsqu’ils sont repartis nous nous sommes dit avec Joe que nous tenions là un vrai concept ». Les deux amis recherchent alors un ingénieur et lui présentent le pitch : et si l’on pouvait réserver une chambre chez l’habitant comme l’on peut réserver un hôtel, partout dans le monde ? Nous sommes alors en 2007, Airbnb voit le jour. Les trois entrepreneurs développent le projet, construisent le site et recherchent des fonds. Si au début ils investissent leur propre argent, ils sont vite à court et doivent trouver des financements. «Nous avons alors eu une idée folle », sourit Brian. Alors que les conventions nationales des républicains et démocrates se tiennent à San Francisco en pleine période électorale, les entrepreneurs décident de profiter de l’occasion : « Airbnb fournit logement et petit déjeuner, nous avons donc eu l’idée de vendre des paquets de céréales aux couleurs des deux candidats, Barack Obama et John McCain ». Ils lancent en quelques semaines un site sur lequel ils vendent ces paquets en édition limitée de Obama O’s et Cap’n Mc Cain’s, détournant ainsi deux produits phare du petit déjeuner américain les Cheerios et les Cap’n Crunch. « Ce qui était parti comme une blague pour faire un peu de buzz, nous a finalement permis de récolter 30 000 dollars ! », raconte Brian.
Les clefs du succès
Puis les premiers investisseurs arrivent, avec Y combinator, un incubateur de start-ups qui apporte ses premiers fonds à Airbnb : 20 000 dollars. Les associés développent alors un site amélioré et se focalisent sur un premier marché, New York. « Cela a grandi très vite et en avril 2009, nous avons effectué notre première levée de fonds ». Aujourd’hui AirBnb ce sont plus de 2 millions de nuits réservées, 100 000 logements en ligne dans 19 villes et dans 192 pays et 119,8 millions d’euros investis dans le projet à ce jour. Les utilisateurs louent leur propre appartement, lorsqu’ils sont absents pour un weekend ou durant leurs vacances par exemple. « En moyenne nos membres louent leur logement 4 nuits par mois pour un revenu d’appoint d’en moyenne 5000 dollars par an », indique le fondateur. Les clefs de cette réussite ? Brian Chesky en évoque plusieurs. « Il faut avant tout s’entourer des meilleurs, recruter les personnes les plus compétentes et avec lesquelles vous avez envie de vous investir sur le long terme ». Autre point fort : savoir créer une expérience très qualitative pour l’utilisateur. « Mieux vaut avoir 100 clients qui adorent votre projet, que 1000 qui sont plus ou moins satisfaits », assure M. Chesky. « Les 100 personnes qui sont conquises par votre idée seront le meilleur vecteur de diffusion par la suite ». Un point non négligeable quand l’on est à la tête d’un site communautaire, qui exploite un réseau mondial et qui joue beaucoup sur le bouche à oreille. Quand on lui demande s’il s’attendait à un tel succès, l’entrepreneur confie : « dès le début nous avions une vision internationale du projet mais nous pensions toucher une niche étroite d’utilisateurs. Nous n’avions pas anticipé que cela concernerait des personnes de tous âges, de tous pays, de toutes catégories socioprofessionnelles ». Le site connaît un développement spectaculaire en Europe (France, Allemagne, Espagne, Italie…) et en Australie, et les fondateurs comptent bien y développer en 2012 leur présence, avec des antennes locales.
Une idée « need based »
Dans tous ces pays, Airbnb surfe sur la vague grandissante de la convergence numérique, portée par la révolution SoLoMo (social, local, mobile). « La vraie évolution des réseaux sociaux est que les utilisateurs s’en servent afin de créer des connexions dans la vie réelle, de partager et d’échanger. Il s’agit d’une tendance de fond, que nous sentons tous se développer », analyse Brian Chesky. Et d’ajouter : « nous nous sommes demandé comment intégrer à notre projet ces nouvelles donnes, comment lui donner ces trois dimensions sociale, locale et mobile ». Reste que la naissance du projet Airbnb n’a pas été « trend focused » mais bien « need based », à savoir poussée par un besoin des fondateurs. « Avec Joe nous ne nous sommes pas demandé ce que nous pourrions bien inventer pour coller à la tendance SoLoMo. Nous avions un problème à résoudre, payer un loyer moins cher et une envie, rencontrer des gens, et c’est ainsi que l’idée a vu le jour », souligne M. Chesky. Ce, avant de prendre conscience que d’autres utilisateurs pourraient bien avoir envie de profiter de ce type de service. « S’il y a un conseil que je pourrais donner à des jeunes entrepreneurs, c’est que les meilleures idées proviennent souvent d’une question que l’on a à régler dans son quotidien ». Google, Facebook et maintenant Airbnb ?
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