Melissa Mazza est une activiste new yorkaise, porte parole de la pensée "body positive" (elle fait d'ailleurs partie du projet de film Fattitude, à checker absolument !). Toujours en pleine ascension de l'Everest qu'est l'acceptation de soi, elle a décidé de partager ses avancées sur internet.
Elle s'est donc attaquée à toutes ces règles tacites qui régissent la vie des rondes dans une tribune publiée sur le site américain Huffington Post. Vous savez, tous ces conseils bienveillants à la sauce "cachez ce cuissot grassouillet que je ne saurais voir" et autres injonctions à avoir une "super personnalité" pour être mieux acceptée en dépit de son IMC...
1- N'attirez jamais, et sous aucun prétexte, l'attention sur votre corps. Fondez-vous dans le décor, camouflez vous sur le fond du papier peint.
2- Ne vous découvrez pas au dessus des coudes ou des genoux. Ne portez pas de rayures. Ne portez pas de shorts. Et surtout, surtout, n'enfilez pas de maillot de bain.
3- Soyez douce et attentionnée pour que les gens vous aiment, faites-leur plaisir. Dites " oui " quand vous pensez " non ", et vice-versa.
4- Soyez drôle, amusante, en tout lieu en tout temps, comme le Père Noël. Il est gros, mais les gens l'aiment, pas vrai ?
5- Soyez la première à vous moquer de votre poids, comme ça les autres ne seront pas mal à l'aise.
6- Faites bien comprendre autour de vous que vous savez que vous êtes grosse. S'ils pensent que vous n'êtes pas au fait de votre propre affliction, ils devront, en bons samaritains, l'amener à votre attention.
7- Souriez et opinez du chef lorsqu'on vous recommande tel sport ou tel régime. Vous êtes grosse, à l'évidence, donc vous ne connaissez rien à l'exercice, à la nutrition, ni même à votre propre corps puisqu'on va par là.
8- Baissez le regard et acquiescez avec repentance lorsque les gens vous font la morale sur les dangers du surpoids. Vous serez humiliée sur le plan de la santé, il va falloir vous y faire.
9- Ne flirtez pas. On ne vous trouvera jamais attirante alors ne perdez pas votre temps à vous ridiculiser de la sorte.
10- Vous êtes une vile gloutonne, vous êtes avare et on ne peut pas vous faire confiance. D'ailleurs, la faim dans le monde, c'est entièrement de votre faute.
Si le ton ironique de ces quelques lignes peut en faire passer le contenu pour quelque chose de drôle, la réalité derrière cette façade humoristique est glaçante. Les femmes rondes, en surpoids ou obèses subissent des attaques grossophobes tous les jours et surtout, elles sont obligées de s'en infliger elles-mêmes, pour être mieux vues en société.
1- Ce n'est pas grave si vous ne vous sentez pas au top dans votre corps tous les jours, mais vous ne devez pas vous complaire dans cette sensation. Il faut avancer (vers la lumière).
2- Vous méritez de vous sentir bien dans votre peau, et dans les vêtements que vous choisissez de porter. Portez des choses qui vous plaisent, pas des tenues qui vous cachent.
3- Vous ne devez rien à personne ! Faites ce qui est le mieux pour vous, sans vous forcer en changeant un "non" en "oui".
4- C'est parfaitement normal d'être parfois énervée, irritable, triste, à fleur de peau... C'est votre droit le plus inaliénable.
5- VOUS et VOTRE CORPS n'êtes pas un objet de moqueries ou de jugements.
6- Faites savoir aux autres lorsqu'ils vous mettent mal à l'aise ou tiennent des propos oppressifs. Personne n'a le droit de vous pourrir le moral de la sorte.
7- Le simple fait d'être VOUS vous donne le droit au respect, à l'amour, et à l'égalité des chances. D'ailleurs ces droits ne sont conditionnés ni par vos origines, ni par votre genre/orientation sexuelle, ni par vos choix de carrière... ni rien du tout.
L'auteure précise évidemment qu'il ne s'agit pas de remplacer un diktat par un autre : elle admet elle-même avoir encore du mal, certains jours, à se détacher de ces fameuses règles non dites. D'ailleurs, beaucoup d'autres rondes avouent trouver la "body acceptance" difficile à atteindre sur les réseaux sociaux. Rien d'anormal. Car déconstruire des normes sociétales avec lesquelles nous avons grandi est un travail quotidien... Mais comme le dit Melissa Mazza à juste titre : ce n'est pas une raison pour se complaire dans la haine de soi. Il faut bien commencer ce voyage quelque part. En serez-vous ?