Les parents bilingues n’ont plus à s'inquiéter de l'apprentissage simultané de deux langues par leur enfant. Selon un article publié par deux chercheuses dans la revue « Nature Communications », le nourrisson est capable de distinguer les différences grammaticales de deux langages dès l'âge de 7 mois. Judit Gervain et Janet Werker de l’Université canadienne de Vancouver ont étudié des enfants élevés dans des familles bilingues. L’un des parents parlait anglais et le second utilisait une langue à la structure grammaticale différente, comme le japonais, l’hindi ou le coréen. Contrairement à l’anglais et au français, dans les langues japonaise ou coréenne, le verbe est placé après le complément. Les bébés ont écouté plusieurs enregistrements et il s’avère qu’ils reconnaissent la prosodie de chaque langue, qui englobe le rythme, la durée des syllabes et la hauteur de ton particulière à chaque parler. Autant d’indices qui aident le bébé à repérer les différents éléments de la phrase et de différencier les langues auxquelles il est confronté. « La question peut surprendre car on a souvent l'idée que les enfants n'acquièrent la grammaire qu'après avoir appris des mots. Nos résultats indiquent cependant que les bébés très jeunes ont déjà acquis des règles élémentaires abstraites, qui leur permettent de distinguer les langages de leurs parents », explique Judit Gervain citée par lefigaro.fr.
Gérer deux langues, pour un enfant élevé dans une famille bilingue ne serait a priori pas un problème. « Le cerveau des bébés est tout à fait équipé pour gérer le bilinguisme, sans que cela représente un effort. Nous ne l’avons pas encore étudié mais les résultats seraient sans doute similaires dans un environnement multilingue », ajoute Judit Gervain. Barbara Abdelilah-Bauer, sociolinguiste auteure du Guide à l’usage de parents bilingues estime, elle aussi, que « les parents sont de plus en plus angoissés concernant ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire pour aider leur enfant dans l’apprentissage de plusieurs langues ». Souvent, ils choisiraient de ne parler qu’une seule langue, par peur de perturber leur enfant. Les chercheuses canadiennes ont cependant démontré que les bébés de familles bilingues ne fournissent pas plus d’efforts et ne sont pas plus en retard que leurs camarades monolingues. Il ne faut pas oublier qu’il y a à peine un siècle, « beaucoup d’enfants français évoluaient naturellement dans un environnement bi- ou multilingue du fait de l’utilisation très répandue des patois locaux », rappelle Sharon Peperkamp, directeur de recherche au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique à l'École Normale Supérieure.
Salima Bahia
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