En avril dernier, France 5 diffusait Tampon, notre ennemi intime, un glaçant documentaire sur les dangers qu'encourent les femmes en utilisant des tampons hygiéniques pendant leurs règles. Pendant des mois, sa réalisatrice Audrey Gloaguen a parcoucu la France, l'Europe et les États-Unis pour faire la lumière sur la composition des tampons et leur degré de dangerosité. Elle donnait notamment la parole à Margaux et Justine, toutes deux victimes du Syndrome du choc toxique (SCT). Cette maladie infectieuse est due à une toxine introduite dans le sang par un agent pathogène, le staphylocoque doré, dont 20 à 30% des femmes sont porteuses. Au contact du tampon hygiénique et de ses composants synthétiques, ce dernier aurait proliféré dans leur organisme, jusqu'à leur faire frôler la mort.
Si dans le documentaire, les scientifiques interrogés s'entendaient pour critiquer l'opacité autour de la composition des tampons, et la corrélation entre leur utilisation prolongée et l'augmentation du risque de développer un STC, une nouvelle étude tient ici un tout autre discours.
Menée par des chercheurs du Centre national de référence du staphylocoque des Hospices civils de Lyon (HCL), elle affirme que les tampons hygiéniques ne favorisent pas les chocs toxiques. À l'automne dernier, le HCL s'était lancé dans la collecte de plus de 700 tampons usagés afin de déterminer si le port de ce produit d'hygiène intime provoquait ou non la prolifération de bactéries et donc de STC. "Les produits semblent avoir un effet neutre, voire bloquer le développement du staphylocoque", déclare au Monde le professeur et chef de service aux HCL Gérard Lina. Pour ce dernier, la hausse des STC semble plutôt "résulter d'un défaut d'information" des femmes sur l'utilisation des tampons.
Pour le professeur, il est urgent de revoir l'utilisation des tampons et améliorer la prévention, notamment sur les risques encourus en cas de port prolongé. Sur les boîtes de tampons, les fabricants déconseillent de garder un tampon plus de huit heures. "C'est trop", juge dans Le Figaro le professeur Lina. "L'idée n'est pas de diaboliser les tampons, car ils sont indispensables pour la liberté des femmes. Mais je pense qu'on peut encore progresser dans l'information qui leur est délivrée." Et d'insister sur le fait de renouveler ses tampons toutes les quatre à six heures, ainsi que de vider sa coupe menstruelle dans les mêmes délais.
Car le port prolongé de la coupe menstruelle, ou "cup", n'est pas non plus sans danger. D'après les résultats de l'étude, l'utilisation de la cup engendre une arrivée d'oxygène plus importante dans le vagin, ce qui favorise la prolifération du staphylocoque doré. Comme pour les tampons, il est donc vivement déconseillé de les porter au-delà de six heures et la nuit. "Quand on les utilise correctement, le risque est moins, mais pas de zéro", explique le professeur Lina.