Terrafemina : Comment le smartphone modifie notre rapport au quotidien ?
Serge Guérin : C’est toute la question de la temporalité qui est remise à plat. Aujourd’hui les frontières temporelles et physiques ont disparu, vous pouvez être en train de faire vos courses au supermarché tout en communiquant avec un ami à New York. Cela donne le sentiment d’un monde plat, où j’ai accès à tout et à tout le monde.
S.G. : Le boulot s’introduit désormais dans la vie personnelle via le mobile, mais l’inverse est vrai également. Tout se mélange désormais, physiquement et dans la tête. Les femmes sont dans une situation où on leur demande de mener de front une triple vie : de femme, de famille et professionnelle. On exige d’elles d’être multitâches et, d’une certaine façon, l’invention du smartphone répond parfaitement à leurs besoins d’être sur tous les fronts.
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S.G. : Je ne trouve pas étonnant que la vie professionnelle ne prenne pas le dessus dans leurs réponses. C’est l’instinct pratique qui prend le dessus : leur téléphone leur permet de pouvoir assurer leurs engagements familiaux et personnels, en plus du fait qu’elles assurent déjà leurs engagements au travail. Elles attachent plus d’importance à tout ce qu’elles arrivent à réaliser en dehors de leurs obligations professionnelles.
S.G. : On a du mal désormais à accepter les temps morts, à se laisser le droit à la paresse ou à l’inactivité. Chaque instant inexploité doit se rendre utile, il faut de plus en plus que tous les créneaux de la journée soient remplis. Derrière cette course à l’efficacité, se cache l’idée que l’on doit réussir dans toutes les sphères, et pour ce faire on se persuade de devoir organiser et optimiser son temps. Cela donne le sentiment rassurant de tout pouvoir dominer…
S.G. : Il y a en effet ce besoin de se sentir relié au monde en permanence. Avant, on ne se levait pas de table pour décrocher le téléphone, aujourd’hui, beaucoup n’ont pas de souci à répondre à leur portable en plein dîner ou après une heure tardive. Les modes de vie changent, les préséances aussi. Mais au nom de quoi le téléphone devrait être prioritaire sur les relations interpersonnelles ? Il faut faire attention à ne pas se laisser déborder. Reste que tout est une question d’équilibre : après tout, c’est comme le reste, ça s’apprend et se domestique. Cela demande un travail sur soi. Le smartphone est un outil qui doit être à mon service, et non l’inverse.
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S.G. : Le smartphone renferme tout l’intime. Les numéros, les messages, les photos… Cela remplace le sac à main, il contient tout ou presque, on y imbrique beaucoup de choses. C’est le ferment de l’intimité d’aujourd’hui : je sais que je ne suis pas tout seul, c’est un lien direct et permanent avec tous les gens que j’aime. Ce qui fait peur dans ce doudou-là, c’est quand il est vide ou qu’il ne sonne pas…
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S.G. : Mon téléphone est avant tout mon bureau nomade. À part ça, j’ai tenté de réduire au maximum les applications sur mon portable, je crois encore à l’importance de garder du temps pour réfléchir…
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*D’après une étude de l’Observatoire Orange-Terrafemina pour Chérie 25 sur les femmes et leur smartphone. Étude qualitative réalisée par l’agence Treize articles auprès d’un panel online de 20 internautes de Terrafemina âgées de 18 à 60 ans, entre le 13 et le 16 février 2014. Étude quantitative réalisée par l’institut Polling Vox auprès d’un échantillon de 528 femmes possédant un smartphone, issu d'un échantillon de 950 personnes représentatif de la population des femmes françaises âgée de 18 ans et plus. L’ensemble des questions, à part les deux portant sur l’équipement en téléphone portable et en smartphone, ont été posées exclusivement aux femmes ayant un smartphone. Sondage en ligne réalisé du 20 au 25 février 2014.