On décrit généralement la sexualité féminine comme douce, on soutient que les femmes auraient besoin de tendresse, de caresses, de longs préliminaires, comme si elles n’étaient que tendresse et fragilité. Pourtant, la femme est un Homme comme les autres, faites d’émotions multiples dont la colère, qui peut la porter vers des jouissances particulièrement extatiques… Les engueulades, les cris, la vaisselle cassée qui précède les embrassades torrides n’appartiennent pas qu’au cinéma.
On a longtemps demandé aux femmes de se contenir, d’avoir des manières, de savoir se comporter. Une forme de soumission déguisée sous le vernis de la bonne éducation. Mais deux personnes ensemble ne sont jamais en phase 365 jours par an, et les couleuvres avalées sans rien dire sont destructrices. On a décrit l’idéal féminin dans le rapport sexuel comme étant uniquement des moments langoureux, dans un cocon, où l’on aurait pris le soin de titiller les cinq sens avec des effleurements, de la musique, une lumière tamisée, des bougies ou tout autre accessoire d’ambiance, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Mais la monotonie engendre inévitablement l’ennui, quels que soient les sentiments. S’ils sont hostiles par moment, la parole libère. Dans un flot continu ou régulier, elle dénoue les situations ombrageuses (mauvaise communication, malentendus, désaccords, frustration) comme elle permet de réaliser ses envies (jeux de rôles, nouvelles positions...). Mais elle n’est pas un exutoire aussi puissant que la colère.
Les psychologues recommandent parfois à leurs patients de relâcher des tensions en boxant, tapant, cassant pour évacuer cette énergie nuisible… Lorsque les mots ont été retenus trop longtemps, que la coupe est pleine, qu’il est trop tard pour dialoguer car ils deviennent acerbes, durs, blessants, ou qu’une situation de couple devient critique et engendre de la frustration, l’emportement devient furieux. Tout sort sans contrôle, la dispute peut devenir agressive, mais une fois libéré du poids des mots, la meilleure option reste de tourner la page par un rapport sexuel forcément intense, presque violent : vêtements arrachés, bouches dévorées, gestes brusques, désirs qui n’attendent pas et nécessitent de prendre ou d’être pris n’importe où : à même le sol, sur une table, dans une voiture… Les griefs s’éteignent dans un dernier cri et l’osmose se reforme dans l’acte.
C’est un autre mode de communication avec l’autre, plus profond (et sans mauvais jeu de mots !).
Sans faire l’apologie de la dispute, elle a malgré tout le double intérêt de libérer, déstresser et de rendre ensuite le rapport sexuel presque animal, primaire, fougueux et régénérant, pour soi comme pour le rapport à l’autre, portant la jouissance a maxima. Outre le fait que le rapport devient particulièrement jouissif, c’est un moment où tout peut être dit, et entendu autrement. Quand les corps sont nus, les mots peuvent être crus. Les cris permettent d’évacuer les tensions. il est aussi la seule alternative positive au couple qui se renforce - physiquement, émotionnellement, et même spirituellement - au lieu de se tenir à distance dans la haine ou le mépris.
Une solution plus subtile existe. Il est possible de faire glisser sa colère directement dans un rapport sexuel passionnel et fougueux, glissant en quelques mots l’objet du courroux, qui étrangement seront mieux compris qu’au travers d’une longue dispute.
Dans tous les cas, à doses homéopathiques, colère et sexe font très bon ménage.