Sexisme, inégalité salariale, de nombreux tabous liés au sport féminin ont déjà été brisés. Mais il restait encore un point qu'aucune athlète professionnelle n'avait encore jamais évoqué : les règles.
C'est une joueuse de tennis anglaise qui a brisé le silence il y a quelques semaines. Venue concourir pour le titre à l'Open d'Australie en début d'année, la jeune et prometteuse Heather Watson est obligée d'interrompre son tout premier match pour faire appel au docteur. Sur le coup, elle ne révèle pas encore le pot aux roses à la presse et invoque un simple malaise. Invitée sur le plateau de la BBC après sa cinglante défaite, Heather décide finalement de parler : "Je vais aller consulter un spécialiste pour voir si il peut me prescrire quelque chose d'efficace à l'avenir".
Et son aveu n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Boostée par le culot de sa compatriote, l'ancienne n°1 du tennis britannique, Annabel Croft, décide de prendre le problème en main. Retraitée des cours, elle profite de ne plus faire partie du circuit pour pointer du doigt cette anomalie. Invitée sur Radio 5 Live, elle témoigne : "Les femmes souffrent en silence. Nous devons gérer ça alors que personne ne veut évoquer le sujet. A Wimbledon, nous devons impérativement porter du blanc par exemple. Mettre du sang sur votre uniforme peut vous rendre quelque peu fébrile. J'ai longtemps fait des cauchemars en y pensant".
La parole commence enfin à se libérer. Mais au-delà des questions pratiques, d'autres inconvénients viennent s'ajouter à ce problème. Chez certaines femmes, les règles peuvent être très mal vécues. Mal de ventre permanent, sautes d'humeur imprévisibles, pertes de sang très abondantes... Certaines sportives sont tellement gênées d'être dans cet état qu'elles adoptent une technique radicale, comme l'explique le gynécologue Thierry Adam à Rue89 : "Si elles se sentent plus faibles et en moins bonne forme, alors on contrôle le cycle avec la pilule et on décale la période de menstruation".
Un constat désagréable, qui arrive le plus souvent aux gymnastes ou aux cyclistes de haut niveau. Mais elles ne sont pas les seules à pâtir de désagréments supplémentaires.
Pour Carole Maître, gynécologue interrogée par le site Atlantico, toutes celles qui pratiquent un sport comme la lutte, la boxe ou encore le judo doivent composer avec la limite de poids exigée : "Il est certain que si une femme prend du poids avant ses règles, elle va parfois avoir du mal à rester dans sa catégorie".
Selon une étude, près de 40% de sportives sont victimes de douleurs importantes pendant leurs règles et 27% admettent que cela les gênent lors des compétitions.
Mais a contrario, il existe également des cas où les règles peuvent être bénéfiques dans l'univers du sport. La journaliste Marine Marck, qui a longtemps pratiqué l'athlétisme, peut en témoigner : "Un jour, mon entraîneuse m'a raconté une anecdote qui m'a étonnée. Elle suivait une athlète qui faisait de meilleures performances quand elle avait ses règles que quand elle ne les avait pas."