C'est une mesure demandée de longue date par le Women's Aid, principale association britannique de défense des femmes victimes de violences domestiques. Ce dimanche 3 septembre, l'association a annoncé que ces dernières allaient enfin être autorisées à pouvoir se rendre au bureau de vote de manière anonyme, sans que leur nom ni leur adresse ne soit rendues publiques. "Pendant trop longtemps, ces femmes ont été réduites au silence car il était trop dangereux pour elles de s'inscrire sur les listes électorales qui révélaient leur adresse, explique dans le Telegraph la directrice générale de Women's Aid Katie Ghose. Il leur était aussi trop compliqué de s'inscrire de manière anonyme."
Les modifications apportées à la loi existante permettront aux femmes abusées physiquement et/ou psychologiquement de "recouvrer leur voix" en participant au processus démocratique du pays. Jusqu'à présent, les victimes de violences domestiques devaient fournir une ordonnance du tribunal et voir leur requête appuyée par un témoin indépendant tel qu'un commissaire de police pour que leur anonymat soit garanti sur les listes électorales. Une démarche longue et compliquée à laquelle de nombreuses femmes avaient renoncées de peur d'être retrouvées. "Pour elles, l'anonymat est une question de vie ou de mort, avec la menace très réelle d'être poursuivies par leur agresseur", souligne Katie Ghose.
Une mesure pour que les victimes recouvrent leur voix
Dans le cadre de la modification de la loi annoncée le 3 septembre, les agents médicaux et de santé, ainsi que les personnes travaillant dans les refuges pour femmes battues pourront également être considérés comme des témoins. Le grade de policier requis pour obtenir l'anonymat sera lui abaissé à l'inspecteur, qui pourra également mettre à exécution des ordonnances de protection contre les violences domestiques et contre les mutilations génitales féminines.
Cette modification de la loi en faveur des personnes vulnérables fait partie des réformes souhaitées par le Premier ministre Theresa May. En février dernier, elle avait annoncé vouloir faire de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants une "priorité".
"Les changements annoncés aujourd'hui aideront les survivants de l'abus domestique à recouvrer leur voix", s'est réjouie Katie Ghose, qui espère désormais que cette mesure d'anonymat sera étendue à vie. "Souvent, les femmes qui fuient la violence domestique le font pour le reste de leur vie", rappelle-t-elle.
Le gouvernement a indiqué qu'il "lancerait prochainement d'autres recherches afin d'identifier et d'expliquer les autres obstacles à l'enregistrement sur les listes électorales auxquels sont confrontés les survivants de violence domestique." "S'assurer que chaque personne en âge de voter puisse le faire est une question de justice sociale. Chaque voix est importante et ce gouvernement continuera d'encourager notre niveau record de participation démocratique en nous assurant une démocratie qui fonctionne pour tous", a affirmé le secrétaire parlementaire au Cabinet Office Chris Skidmore.