"C'est un jour historique pour la communauté LGBT". Difficile de mieux résumer la situation qu'en citant ces mots du compte Twitter militant Le coin des LGBT+ : ce 23 juin, les membres du Parlement gabonais ont voté la dépénalisation de l'homosexualité. Ils sont pas moins de quarante-huit députés à avoir souhaité le passage de cette mesure législative fondamentale, non seulement pour le Gabon, mais pour la situation internationale des minorités opprimées. Résultat ? C'en est fini des 6 mois d'emprisonnement que pouvaient jusqu'alors risquer les personnes homosexuelles dans cet important pays d'Afrique centrale.
"C'est un beau pas en avant. Il y a de quoi être fier". "J'ai fait une petite danse de la joie ! Je suis trop heureuse ! Big up les Gabonais et les gabonaises ! Désormais il n'y a plus qu'à mettre en place de vraies protections contre les discriminations et montrer l'exemple dans toute la région". "Maintenant espérons que ça reste sur la durée et que ça rentre dans la norme !"... Sur les réseaux sociaux, les salutations diverses et autres bravos s'enchaînent déjà, à l'idée de lendemains plus ensoleillés et moins discriminatoires.
"Le débat sur la dépénalisation de l'homosexualité au Gabon a le mérite de montrer le vrai visage des homophobes autour de nous. Et ça invoque Dieu et nos traditions quand, devant l'inceste et le viol dans les familles, vous vous taisez. Laissez les homos vivre !", a réagi l'activiste et blogueuse gabonaise Scheena Donia à le lecture de certains commentaires haineux qui ont envahi la Toile. Un cri du coeur percutant. Mais qui ne doit pas faire oublier qu'en Afrique, la route est encore longue...
Un cheminement tortueux effectivement, ne serait-ce... qu'au Gabon. Et pas simplement car 24 députés (un chiffre loin d'être anecdotique) ont ouvertement voté contre cette dépénalisation ou que 25 autres se sont abstenus, démontrant par-là même que le sujet est encore (très) loin de susciter l'adhésion dans le pays.
Non, il faut également rappeler, comme le fait la BBC, que, malgré ce changement notable, le mariage entre couples de même sexe reste tout de même interdit. Un tabou, l'homosexualité ? Plus que cela : encore perçue comme une "maladie" dans bien des pays, elle est envisagée comme la transgression "de toute une Nation, de ses us et coutumes", aurait déploré un député gabonais plus que réticent quant à l'idée d'une évolution sociale.
Il faut dire que le Gabon devient aujourd'hui l'un des rares pays du continent africain à avoir dépénalisé l'homosexualité, aux côtés de l'Angola, du Mozambique, du Mali ou encore de la Côte d'Ivoire. Mais 28 pays d'Afrique subsaharienne revendiquent encore et toujours de sévères législations discriminatoires, considérant l'homosexualité comme illégale. Tel que le précise à ce titre France Info, être homosexuel dans certains pays d'Afrique peut, par-delà les violences à caractère homophobe systématiques, vous faire risquer la peine de mort.
Des violences pas simplement banalisées, mais minorées au possible. Rappelons en ce sens cette fameuse citation du président sénégalais Macky Sall, énoncée en février dernier auprès du Premier ministre canadien Justin Trudeau : "Interdire l'homosexualité n'a rien d'homophobe". Cela se passe de commentaires. Faut-il en rire ou en pleurer ?
"Cette dépénalisation est une très bonne nouvelle en pleine semaine des fiertés. Elle annule un amendement du Code pénal qui prévoyait 6 mois de prison et une lourde amende pour les personnes LGBTI", s'est réjouie l'ONG Amnesty International, drapeaux arc-en-ciel en évidence. Les prémices d'un progrès ? On l'espère.