C'est écrit : le 21 mars, le Parlement de l'Ouganda a adopté une loi renforçant la criminalisation de l'homosexualité. Autrement dit, l'homosexualité est désormais passible de prison de vie... Mais également de peine de mort. 387 députés ont voté en faveur de ce renforcement ultra-punitif de la loi.
Contre combien de voix d'opposition ? Deux seulement. Oui, il faut le lire pour le croire.
Cependant, cette loi doit encore l'obtenir l'aval du chef de l'Etat Yoweri Museveni, à qui il reste tout juste un mois pour la valider... Ou pas. "Si elle est promulguée cela pourrait donner carte blanche à la violation systématique de presque tous les droits humains", a déploré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, comme le relève le magazine des cultures LGBTQ Têtu.
Peut également être puni de six mois de prison quiconque ne dénoncerait pas un homosexuel, et de dix ans, quiconque organiserait un mariage de couple de même sexe. Même peine pour celles et ceux qui choisiraient de simplement louer une chambre à un couple gay. Très inquiétant.
Il faut dire qu'en Ouganda, l'homophobie est largement banalisée, depuis des années. En 2019, détaille France 24, ONG et militants s'inquiétaient déjà d'un état des lieux alarmant : recrudescences des attaques contre les personnes LGBT, actes de torture, banalisation totale de l'homophobie dans les discours des politiques (comme ceux du ministre ougandais de l'Éthique, Simon Lokodo), volonté déjà vive de durcissement de la législation contre les homosexuels... Mais la loi actuelle vient concrétiser les craintes les plus virulentes.
"C'est probablement l'un des pires textes du genre dans le monde. C'est une loi draconienne, dévastatrice et très troublante", a poursuivi Volker Türk, tandis qu'Amnesty International a ouvertement condamné un projet "profondément répressif qui institutionnalise la discrimination", relève le média RFI.
D'ailleurs, un projet de loi réprimant d'une peine de prison à vie ou d'une peine de mort toute personne homosexuelle avait déjà été présenté il y a bientôt dix ans, en 2014. Avant d'être finalement annulé par la Cour constitutionnelle. Aujourd'hui, par-delà les ONG, de nombreuses voix politiques et militantes s'indignent contre cette situation alarmante : c'est notamment le cas de Karine Jean-Pierre. A savoir : la première porte-parole noire et lesbienne de la Maison Blanche. Des paroles d'autorité qui pourraient faire pression ?