Son activité est à la frontière de l’évènementiel et de l’hôtellerie. À la tête d’Eurosites depuis près de 20 ans, Marie-Pierre Canovas a quasiment inventé le métier de loueur de salle. « À l’époque, pour trouver un site à louer, il y avait peu de choix : on s’adressait soit à des hôtels soit à des salles municipales. J’ai réalisé qu’il y avait là une vraie niche et ai saisi l’opportunité pour me lancer », raconte-t-elle. Nous sommes alors en 1992 et l’entrepreneuse se pose en précurseure dans le secteur. Vite rejointe par Pascal Henry, aujourd’hui PDG d’Eurosites, Marie-Pierre Canovas voit son entreprise prospérer : elle rachète en 1999 une société qui détient plusieurs sites en Île-de-France puis opère un tournant crucial en 2005 en obtenant le contrat de gestion du site Georges V, qui amorce un virage vers l’événementiel.
Eurosites c’est aujourd’hui un chiffre d’affaires de 48 millions d’euros avec 250 collaborateurs et 45 sites à Paris et dans 35 villes, 450 salles et 5 auditoriums, dont des lieux emblématiques comme la Salle Wagram, l’Hôtel Particulier Eurosites dans le IXe arrondissement de la capitale ou encore Les Docks de Paris. « Nous nous adressons autant à des tournages de films, qu'à des séminaires, des présentations de produits ou des défilés de mode », souligne Marie-Pierre Canovas. On compte ainsi parmi les clients d’Eurosites France télévisions, Volkswagen, la Caisse d’épargne, Jean-Paul Gaultier, Veolia, Carrefour, la Poste ou encore Lagardère. La société a par ailleurs su évoluer et s’adapter, en intégrant une branche gourmande. « Cela fait partie des domaines d’expertise que j’ai appris à développer en vingt ans de carrière, souligne la directrice générale. Si à mes débuts je connaissais très bien le métier de loueur de salle, entre temps nous avons acquis trois traiteurs : un métier à part, que je maîtrise désormais très bien », explique-t-elle, se réjouissant d’avoir pu, comme ses équipes, apprendre de « nouveaux métiers ».
« Les projets dans une société sont indispensables, sinon nous n'avançons pas », assène la chef d’entreprise, qui souhaite toujours avoir un coup d’avance. Pas question pour elle d’ailleurs d’entendre parler d’échec : « je comprends que l’échec soit aujourd’hui peu accepté en France et je ne peux que le percevoir mal », n’hésite-t-elle pas à déclarer. « En tant que manager, je me dois de tout mettre en œuvre pour la réussite de ma société ». Et quand on lui pose la question du management au féminin, elle qui dirige son entreprise en duo avec Pascal Henry, préfère évoquer la « personnalité » plutôt que le sexe. « Nous avons tous les deux un management proche avec des personnalités différentes. C’est ce qui rend notre collaboration si riche. L’un ne va pas sans l’autre », sourit-elle. Aux jeunes femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat, elle conseille d’ailleurs de ne pas lésiner sur l’autorité. « J’ai toujours fait en sorte que mon autorité au sein de l’entreprise soit la même que celle des hommes, qu’il n’y ait pas de différence », avance-t-elle, insistant sur l’importance de faire comprendre aux femmes qu’elles doivent s’imposer, que « c’est possible ». « Je me suis toujours très bien entendue avec les hommes et me suis considérée comme leur égale, ce qui m’a confortée dans ma position de manager », souligne-t-elle.
Si Marie-Pierre Canovas n’a pas eu de mentor à proprement parler, les réseaux professionnels tiennent une place primordiale dans son évolution de carrière : « j’ai dès le début adhéré au Medef 93 en tant que secrétaire générale », rappelle-t-elle. Membre de Bpifrance EXCELLENCE, elle est également impliquée dans de nombreuses associations qui lui permettent de « développer son réseau professionnel, d’échanger ». Côté conciliation entre une vie professionnelle très prenante et sa vie personnelle, elle assure réussir depuis le début à gérer les deux. « J’ai toujours eu une vie sociale importante, il faut savoir faire la part des choses », confie-t-elle. Responsabiliser ses proches, rendre ses enfants autonomes, se faire aider par la famille : « le tout est simplement une question d’organisation ».