La révolte est partie de la plainte d'une jeune fille de 17 ans, qui accuse quatre policiers de l'avoir violée dans leur voiture de patrouille, dans le quartier nord de Mexico, à Azcapotzalco. Le lendemain, une autre, âgée de 16 ans, accusait un membre des forces de l'ordre de l'avoir également violée, cette fois au sein du musée d'archives photographiques, en plein coeur de la ville. Dans le premier cas, si six hommes ont été suspendus, aucun n'a été arrêté, pour cause d'"incohérences dans le récit" de la victime évoquées par le parquet, explique l'AFP. Dans le deuxième, un homme a été entendu puis arrêté.
"Police, violeurs !" ; "Ils ne me protègent pas, ils me violent". Tels dont les slogans glaçants que les Mexicaines ont scandés dans les rues de la capitale, vendredi 16 août au soir. Au-delà de protester contre ces viols présumés, leur rassemblement témoigne d'une colère générale face au sort des femmes dans leur pays, et l'impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes toujours plus nombreux. Les Nations Unies rappellent d'ailleurs qu'au Mexique, 9 femmes meurent chaque jour en moyenne, et 40 % ont confié avoir déjà été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie.
"Nous avons le droit d'être respectées. Nous ne voulons plus voir aux informations des gens mourir, des gens subir des viols. Nous ne voulons plus voir les autorités ne rien faire", s'insurge Gloria Lopez, activiste présente sur place, auprès de l'AFP. Melissa Ortiz, une femme de 40 ans également dans la rue, manifeste contre ce climat angoissant : "Ça m'inquiète que des jeunes femmes ne puissent pas aller à l'école ou rentrer chez elles d'une fête privée parce qu'elles risquent d'être violées précisément par ceux qui sont censés nous protéger".
Si l'événement a débuté de manière pacifique, il a rapidement débordé. Des manifestantes ont ainsi mis le feu à un poste de police, tandis qu'un homme - expulsé par la suite - a frappé un journaliste au visage. La mairesse de Mexico, Claudia Sheinbaum, a de son côté qualifié la manifestation de "provocation", ajoutant que "la violence ne se combat pas par la violence". Elle a ensuite lancé "un appel à ceux qui luttent légitimement pour la défense des droits de l'homme afin de contribuer à créer un climat de paix."