Elles sont 100 mannequins et anciennes mannequins à fouler ou à avoir foulé les podiums de défilés. 100 à connaître l'industrie de la mode de l'intérieur, dont Doutzen Kroes, Milla Jovovich ou encore Christy Turlington. 100 à s'unir aujourd'hui contre les violences faites aux femmes dans le milieu, dont les conditions pour les modèles et particulièrement les jeunes filles qui aspirent au métier ne cessent d'empirer. A travers cette lettre ouverte écrite par Model Alliance (syndicat pour la protection des mannequins) et soutenue par Time's Up, elles demandent à Victoria's Secret, et plus particulièrement à son PDG, John Mehas, d'agir concrètement dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes. "Au cours des dernières semaines, nous avons entendu de nombreuses allégations d'agressions sexuelles, de viols présumés et de trafic sexuel de mannequins et de futurs mannequins. Bien que ces allégations ne visent pas directement Victoria's Secret, il est clair que votre entreprise a un rôle crucial à jouer pour remédier à la situation", peut-on y lire.
Elles évoquent également les noms de Timur Emek, David Bellemere et Greg Kadel, accusés de harcèlement sexuel, et celui de Jeffrey Epstein, collaborateur du groupe et proche de Leslie Wexner, PDG de L Brands (propriétaire de la marque), qui a été accusé dans un cas de prostitution de mineure - et retrouvé mort dans sa cellule en attente du procès, le 10 août 2019 (edit). "Il est profondément troublant que ces hommes semblent avoir exploité leurs relations de travail avec Victoria's Secret pour attirer et exploiter des filles vulnérables", écrivent-elles avant de poursuivre : "Ces récits sont déchirants et touchent particulièrement beaucoup d'entre nous qui ont été victimes de ce type d'abus trop souvent tolérés dans notre secteur. Nous soutenons ces femmes courageuses qui se sont manifestées et ont partagé leurs histoires, malgré les craintes de représailles ou de préjudice à leur carrière".
Leur but ? Que la marque agisse concrètement et se positionne fermement contre ces crimes et l'impunité dont leurs auteurs jouissent. "Nous demandons à Victoria's Secret de prendre des mesures significatives pour protéger ses talents et ceux qui aspirent à travailler avec l'entreprise. Victoria's Secret a l'occasion d'être un chef de file, d'utiliser son pouvoir et son influence pour apporter les changements dont notre industrie a un besoin urgent." Elles l'invitent également à rejoindre RESPECT, un programme mis en place par Model Alliance pour protéger les mannequins, et établir un système de prévention "robuste", pour que chacun·e "comprenne ses droits et ses responsabilités". Le texte rappelle également une (autre) réalité glaçante : "Trop souvent, les femmes de tous les secteurs d'activité sont forcées de choisir entre dénoncer le harcèlement sexuel au travail ou faire avancer leur carrière". Et conclut en indiquant à Victoria's Secret que s'ils prennent la bonne décision, ils contribueront à ce que le milieu "trace une nouvelle voie vers l'avenir".
Un lettre ouverte qui intervient quelques jours après l'annonce de l'annulation du défilé et la démission d'Ed Razek, dont les propos transphobes avaient provoqué un tollé mérité en début d'année. Interrogé par Glamour, un porte-parole de la marque de lingerie américaine a simplement statué : "Nous sommes toujours préoccupés par le bien-être de nos modèles et nous voulons continuer à dialoguer avec Model Alliance et d'autres intervenants pour réaliser des progrès significatifs dans l'industrie." A voir si les actions suivent les paroles.