Il aura fallu de la présence sur la piste de décollage d'une déneigeuse conduite par un homme ivre pour que le jet privé de Christophe de Margerie s'embrase et voit le destin de cet homme de 63 ans prendre fin cette nuit en Russie. Les trois membres d'équipage qui devaient le ramener à Paris après une visite au Foreign Investment Advisory Council (FIAC) ont également trouvé la mort dans cette collision tragique.
La disparition soudaine du PDG de Total a provoqué une très vive émotion chez nombre d'hommes politiques ou autres patrons dont il était proche. A commencer par le président François Hollande, qu'il tutoyait, ayant notamment été témoin en même temps que lui de Brigitte Taittinger, sa cousine, lors de son mariage avec le très influent Jean-Pierre Jouyet. Issu d'un milieu de diplomates et petit-fils de Pierre Taittinger, fondateur du champagne éponyme, Christophe de Margerie entretenait d'illustres amitiés. Pour preuve, la pluie d'éloge tombés dans la stupéfaction générale ce matin, alors que le groupe Total confirmait le décès de son patron. Emmanuel Macron, Rachida Dati, François Hollande, Laurence Parisot, Michel Sapin, ce sont toutes les familles politiques qui ont témoigné de leur vive émotion après l'annonce de la disparition du "grand patron".
Entré chez Total à 22 ans "par hasard" - Margerie aimait à rappeler qu'il avait choisi l'entreprise parce que c'était la plus proches de chez lui -, "Big Moustache" avait gravi les échelons, de la direction financière à la direction générale près de vingt-cinq ans plus tard, puis pris la présidence du groupe en 2010. En 2011, il avait été l'un des 15 patrons à réclamer qu'on augmente leurs impôts. Sur son salaire, il s'était par ailleurs maintes fois exprimé avec transparence. En 1974, cet "homme engagé", ainsi qu'en témoignait Marc Ladreit de Lacharrière dans un entretien au magazine Challenge en avril dernier, avait épousé Bernadette Prud'hommes, mère de ses trois enfants Laetitia, Diane et Fabrice.
Il y a un an, il posait tendrement avec sa femme et sa fille à la soirée de présentation officielle de l'association SOS Orphelinats du monde, dont son épouse est la vice-présidente. Désireux de redorer blason de son groupe, dont il déplorait la mauvaise image auprès du grand public, Christophe de Margerie avait entamé ces dernières années une communication plus incarnée de Total, n'hésitant pas, par exemple, à se rendre au Grand Journal contre l'avis de ses proches. Récemment le sexagénaire avait évoqué sa succession, confiant à La Tribune : "Je fais le nécessaire pour que, le jour venu, le conseil puisse choisir et annoncer le nom de mon successeur."
Ce matin, on évoque déjà quelques noms pour le remplacement au pied-lever du patron historique, lequel, culture Total oblige, devrait a priori être un employé du groupe.