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Pourquoi le retour de Mercredi Addams ne peut que nous réjouir
Publié le 22 novembre 2022 à 12:40
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Mercredi Addams revient enfin ce 23 novembre à travers une série signée Tim Burton à découvrir sur Netflix. De quoi réjouir celles et ceux qui adorent cette jeune fille, à la fois icône féministe, emblème gothique et modèle de réparties sarcastiques qui claquent.
Pourquoi le retour de Mercredi Addams ne peut que nous réjouir
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C'est Jenna Ortega, 20 ans, qui a été choisie pour prendre la relève de Christina Ricci dans la peau de Mercredi Addams, personnage emblématique de la pop culture que l'on a guère revu depuis les années 90 et les films de Barry Sonnenfeld. On retrouvera la jeune comédienne dans Mercredi Addams, série Netflix imaginée par Tim Burton qui débarque sur la plateforme ce 23 novembre. Et on s'impatiente déjà de retrouver la fille de la famille Addams.

Pourquoi ? Car Mercredi, c'est beaucoup de choses à la fois, et pas simplement des souvenirs de séances nostalgiques. Une gamine au look goth qui semble dire "fuck off" à tout bout de champ, en un simple froncement de sourcils. Une répartie cinglante aussi bien destinée aux mecs qu'à toute forme d'autorité. Un air imperturbable qui ferait pâlir l'adolescente nerd Daria de jalousie.

A l'heure des retrouvailles, on vous rappelle pourquoi tout le monde devrait aimer Mercredi.

© Netflix
Un personnage subversif

A l'origine, Mercredi Addams est la fille de la famille du même nom, héros d'une bande dessinée des années trente signée Charles Addams (logique) et publiée dans The New Yorker. Mais par-delà les nombreuses adaptations qui s'ensuivirent (série télé, dessin animé, jeux vidéo, musical à Broadway) c'est sous les traits de Christina Ricci que la jeune fille a surtout marqué nos enfances, dans les films La famille Addams (1991) et Les valeurs de famille Addams (1993).

Il faut dire que des personnages (féminins) de gosses sarcastiques en diable, qui ont toujours le dernier mot (qui tue), gothiques, passionnés par le macabre et adeptes de l'humour aussi noir que leurs fringues, ce n'était pas si courant dans la pop culture. Ca n'a pas tellement changé d'ailleurs.

Par essence, Mercredi est un personnage subversif. Elle pourrait être la cible de nombreuses discriminations, car ses différences sont multiples. C'est une enfant, c'est une fille, et elle a un look gothique. Elle est plus proche de la sorcière, de celles qu'aborde l'essayiste féministe Mona Chollet, que des princesses dont les vertus sont vantées par Disney. Christina Ricci (qui joue Marilyn Thornhill dans la version Netflix) par son jeu a su rendre compte de la manière dont Mercredi contredit chaque injonction à la féminité : elle n'a pas envie de porter du maquillage ou des fringues qui la glamourisent, refuse de s'obliger à sourire comme de se taire, quand bien même cela contreviendrait aux bienséances imposées par la "normalité". Une normalité que sa famille renverse.

Mercredi Addams incarnée (génialement) par Christina Ricci dans les années 90 © Paramount Pictures

Pas de pater familias surplombant, puisque c'est la mère, Morticia, qui dicte au daron ses ordres et surtout, ses désirs - un brin sadomasochistes, et très librement exprimés. Les figures féminines, très fortes, dominent cette fratrie, où l'étrangeté, la bizarrerie, la marginalité, sont banalisées. Avec une telle famille, Mercredi ne pouvait être qu'elle-même : une gamine très peu adepte du girl power des Spice Girls, des paillettes, des concours de miss et du "Sois belle et tais-toi".

Les deux films tournent d'ailleurs en dérision les "filles à papa", filles de riches, pourries gâtées, dont la blondeur contraste volontiers avec la noirceur carabinée de Mercredi. Et qui ne se privent d'ailleurs pas de railler celle-ci... Quitte à subir par la suite la redoutable vengeance de la fille Addams.

Dans Les valeurs de La famille Addams, celle-ci, grimée en amérindienne, va constituer un clan avec les souffre-douleur d'un camp de vacances pour renverser les dominants, l'espace d'une réjouissante révolte finale. On est presque dans un teen movie : les nerd face aux populaires, et plus globalement, les minorités opprimées face aux oppresseurs. C'est évidemment Mercredi qui leade la lutte.

Mercredi Addams, figure féministe et politique, si si. © Paramount Pictures
Après Mercredi, Winona, Daria et Greta

C'est peu dire que compte tenu de tous ces aspects, Mercredi Addams, et surtout son incarnation par Christina Ricci, a influencé plus d'une personne. Tim Burton le premier a grandi avec les bandes dessinées de La famille Addams, d'où son investissement dans la présente série Netflix.

Et cela se perçoit totalement lorsque l'on observe Lydia, la jeune gothique amie des fantômes interprétée par Winona Ryder dans le Beetlejuice du même Tim Burton. Entre phrasé cynique typiquement ado et looks macabres parfaits pour Halloween, les deux personnages semblent être des soeurs jumelles.

Mais dans le genre icônes féministes, on pense également à Daria, héroïne de la série éponyme des années 90, dont le visage impassible, l'ironie constante et l'attitude asociale évoquent fortement Mercredi. Sans oublier ce slogan du show, érigé en philosophie de vie : "Sick Sad World" ("monde malade et triste"). Le nihilisme grunge des années 90 s'associe très bien à Mercredi.

La Mercredi de Netflix, le retour d'une figure très influente. © Netflix

Plus que Courtney Love cependant, on imagine davantage Mercredi écouter des chanteuses qui lui ressemblent, comme la super punk Nina Hagen ou Siouxsie Sioux, la star de Siouxsie and the Banshees, groupe de rock dont la force goth a forcément influencé Robert Smith, le leader des Cure. Et Tim Burton. Cependant, les figures goth au croisement des influences vont abonder durant les années 90 - il suffit de penser à Nancy (Fairuza Balk), la sorcière fatale de Dangereuse alliance.

A l'origine des séries animées pour adultes, même l'attitude parfois parfaitement blasée voire sensiblement dépressive d'une Lisa Simpson, totalement lucide malgré son très jeune âge de la médiocrité des gens qui l'environnent, fait très Mercredi. Si Lisa n'a pas grand-chose de gothique, toutes deux partagent les mêmes contradictions : leur attitude mélancolique ou franchement désabusée va de pair avec une affirmation de soi indéniable, par les mots ou les actes, n'en déplaise à autrui.

Lisa et Mercredi sont marginalisées puisque différentes (cela se perçoit surtout dans le film Les valeurs de la famille Addams) mais c'est aussi là leur force, puisque leur singularité, leur révolte face au monde.

Mercredi Addams a eu bien des héritières, impertinentes et engagées © Netflix

Au fond, puisque chaque génération porte en elle son lot d'espoirs comme de tristesse carabinée, Mercredi Addams, pleine synthèse de cet état d'esprit impertinent, ne sera jamais ringarde. Ses caractéristiques (absence de sourire ou de consensualité face au regard masculin) font d'ailleurs volontiers écho à l'une des cheffes de file de la jeunesse actuelle, Greta Thunberg.

Alors que les looks de Jenna Ortega mis en avant par Netflix s'avèrent de très bonne augure (en un mot, ils claquent) et que le "Wednesday spirit" semble avoir été respecté, on s'impatiente donc de rencontrer cette nouvelle Mercredi, la plus géniale des anti-"cool kids" qui soit.

Mercredi

Avec Jenna Ortega, Catherine Zeta-Jones, Gwendoline Christie, Luis Guzman...

Diffusion sur Netflix dès le 23 novembre 2022

Mots clés
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