Vendredi 4 juillet, plusieurs dizaines de jeunes femmes avaient réussi à échapper au groupe islamiste qui les avait enlevées au cours du mois de juin. Au total, 63 personnes étaient ainsi parvenues à tromper la vigileance de Boko Haram. Mais alors qu'on pensait ces otages de retour auprès des leurs, Libération affirme que seuls neuf d'entre eux ont réussi à regagner leur village de Damboa, dans le nord-est du Nigeria.
« Selon la liste des rescapés obtenue par Libération, seulement neuf personnes (6 femmes et trois jeunes hommes) avaient pu regagner leur maison, mardi », écrit le quotidien avant de rapporter les propos d'une source présente sur place, dans l'Etat de Borno : « Des villageois armés ont été déployés dans les forêts alentours, car il semble que beaucoup d’autres divaguent encore dans la nature ». Une situation pour le moins confuse en raison de l'impossibilité pour la presse et les autorités d'accéder à l’Etat de Borno, où se trouve Damboa.
Vendredi, la soixantaine de jeunes femmes avait pu échapper à leurs ravisseurs lors d'une attaque de l'armée non loin de la ville de Damboa. « Il semblerait que les combattants aient fui en entendant les hélicoptères de l’armée et les tirs qui se déroulaient à quelques dizaines de kilomètres de là. Les otages en ont profité pour s’échapper», détaille une source officielle à Libération. Au cours des affrontements, 53 combattants de Boko Haram ont été tués selon l'armée nigériane qui précise avoir perdu six hommes.
Parmi les otages qui ont pris la fuite, certaines étaient âgées de 3 à 12 ans, selon un responsable de Damboa. On compte également des femmes mariées de force ainsi que de jeunes garçons enrôlés dans la secte pour combattre.
Boko Haram détient toujours plus de 200 lycéennes depuis le rapt mené dans la ville de Chibok, également dans l'Etat de Borno, le 14 avril. L'enlèvement avait provoqué une vive émotion au Nigeria et dans le monde, rappelant à chacun les pratiques du groupes islamiste pour tenter de faire valoir ses intérêts. Un rapport de Human Rights Watch datant de fin 2013 fait notamment état d’enlèvements et de viols de femmes et de jeunes filles par les insurgés et d’enrôlement de force de jeunes enfants.
Depuis l'enlèvement d'avril, une cinquantaine de militants du mouvement « Bring back our girls » (« Rendez-nous nos filles », ndlr), manifestent quotidiennement à Abuja, la capitale du Nigeria, en soutien aux lycéennes de Chibok. « Cela fait 83 jours que les jeunes filles ont été enlevées, nous manifestons depuis 68 jours mais personne ne nous écoute» a ainsi dénoncé Aisha Yesufu, une représentante des manifestants, devant la presse.