Souvenez-vous : en 2012, alors qu'elle venait d'être fraîchement nommée ministre du Logement par François Hollande, Cécile Duflot s'était présentée en robe à fleurs à la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Elle avait alors été la cible de sifflets de la part de députés. L'un d'eux lui avait même crié "allez, vas-y, défais les boutons" pendant qu'elle se trouvait à la tribune.
Emblématique des remarques sexistes que doivent endurer jour après jour les femmes politiques, cette séquence est depuis entrée dans les annales – pour le coup absolument pas glorieuses – de la misogynie ordinaire. Parce qu'elles osent être féminines dans un haut lieu de pouvoir, qu'elles se frottent à un monde traditionnellement masculin, les femmes politiques sont constamment chahutées, moquées, infantilisées – bref décrédibilisées par leurs pairs.
Et cette tendance lourde à déconsidérer les femmes n'est pas propre à la sphère politique. Partout où les femmes cherchent à exister, des hommes sont là pour essayer de les déstabiliser. C'est ce que Cécile Duflot veut démontrer. Depuis lundi 5 juin, l'élue EELV, candidate aux élections législatives dans la 6e circonscription de Paris a lancé "L'opération robe" en invitant chaque jour une femme à raconter une expérience ordinaire vêtue de la fameuse robe qui avait tant émue les députés à l'époque.
Et il y en a des choses à raconter ! Il n'y a qu'à écouter Camille, Sarah et Chantal – les trois femmes qui ont déjà témoigné – pour s'en convaincre. Trois femmes, trois milieux et trois générations qui ont toutes vécu au moins un épisode de harcèlement sexiste, chacune à leur manière et s'engagent pour plus de respect et d'égalité entre les sexes.
"C'est pour ça qu'il faut faire des choses, qu'il faut faire évoluer la loi, qu'il faut faire évoluer les pratiques, explique Cécile Duflot dans sa vidéo introductive. On ne peut pas se dire que ça va s'améliorer tout seul, c'est pas vrai." "Cette histoire, elle m'a dépassée, poursuit l'élue EELV. Elle a évoqué tellement de choses à tellement de femmes que ça a entraîné une discussion sur le sexisme en général".
Pourtant, lorsque l'affaire avait été rapportée dans les médias, Cécile Duflot avait dans un premier temps refusé de la commenter. "Je ne voulais tellement pas que l'on me réduise à mes vêtements que j'ai préféré me taire, nous expliquait-elle la semaine dernière. Mais maintenant, cette robe a une histoire. (...) Je porte aujourd'hui le flambeau du féminisme pour les femmes de votre génération et pour les suivantes, et aussi pour mes filles." D'ailleurs, elle l'a promis : si elle est réélue à l'Assemblée, elle se présentera à la première séance parlementaire dans cette fameuse robe, qui a depuis eu sa place dans l'exposition "Tenue correcte exigée : quand le vêtement fait scandale". Comme quoi l'histoire de cette robe bleue n'est pas prête de se terminer.