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Le pape s'est cru obligé de nous conseiller de faire des bébés au lieu d'adopter un animal
Publié le 7 janvier 2022 à 09:59
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Selon le pape François, adopter un animal au lieu de faire des enfants contribuerait à "nous enlever notre humanité" et serait "égoïste". Un commentaire vivement critiqué.
Le Pape s'est cru obligé de nous conseiller de faire des bébés au lieu d'adopter un animal Le Pape s'est cru obligé de nous conseiller de faire des bébés au lieu d'adopter un animal© Abaca
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Les propos controversés datent de mercredi 5 janvier, alors que le souverain pontife donnait la première audience générale de l'année au Vatican.

Le pape François a affirmé regretter que les animaux de compagnie "prennent parfois la place des enfants". Et d'ajouter, provoquant chez de nombreuses personnes une indignation légitime : "Cela peut faire rire, mais c'est une réalité. Aujourd'hui, on constate une forme d'égoïsme. On voit que certains ne veulent pas avoir d'enfant. Parfois, ils en ont un, et c'est tout."

Pour lui, adopter un chien, un chat, un cochon d'Inde au lieu de procréer revient "à renier la paternité et la maternité et nous diminue, nous enlève notre humanité". Rien que ça. "La civilisation vieillit sans humanité car on perd la richesse de la paternité et de la maternité, et c'est la patrie qui en souffre", a-t-il encore lâché.

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Et puis, il s'est fendu d'un conseil à destination des couples qui ne pourraient pas concevoir : celui de "penser à l'adoption". "Avoir un enfant est toujours un risque mais il y a plus de risques à ne pas en avoir, à nier la paternité", a-t-il insisté, urgeant de "ne pas avoir peur".

Un message qui a fait réagir, et c'est peu de le dire.

"Hypocrisie", "naïveté" et "sexisme"
Sur les réseaux sociaux, certain·e·s internautes ont d'abord souligné "l'hypocrisie" qui découlait de son opinion : le pape lui-même ayant choisi de ne pas avoir d'enfants. D'autres, interrogé·e·s sur le sujet par le Guardian, l'ont qualifiée de "déconnecté" et "sexiste".
"Je ne pense pas que quiconque décide d'avoir un chien à la place d'un enfant, vous avez un chien et vous prenez soin du chien et il devient comme un enfant", développe par exemple Steph, lectrice du quotidien britannique et propriétaire de Boss depuis 11 ans.

Une réalité qui semble également échapper au souverain pontife au moment de son discours : le niveau de vie nécessaire à élever des enfants dans de bonnes conditions. Estee Nagy, une bijoutière londonienne de 27 ans, a ainsi rappelé auprès du Guardian à qui l'aurait oublié qu'"avoir un enfant dans le monde d'aujourd'hui est un luxe" en raison de la baisse des revenus et d'un marché du travail plus difficile. "C'est plus facile pour ceux qui ont simplement eu de la chance et sont riches ou ont plus d'argent qu'un salaire moyen, mais ça devient plus difficile quand il n'y en a pas assez".

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Pour Sophie Lusby, directrice du NHS (la Sécu britannique) à Belfast, en Irlande, les commentaires du pape sont aussi "vraiment naïfs et insensibles" et ne reflétaient pas le fait que tout le monde ne peut ou ne devrait pas avoir d'enfants. Elle-même catholique, elle confie avoir longtemps dû lutter contre le sentiment de honte lié à son incapacité à avoir des enfants pour des raisons médicales, étant donné l'importance accordée par sa religion à la maternité. "C'est ce qui est assez déclencheur dans les paroles du pape", estime-t-elle.

Par ailleurs, elle affirme que, bien qu'elle ait deux animaux de compagnie, qui sont "une excellente compagnie quand on vit seul", elle ne les considère pas comme des substituts aux enfants, et a plutôt trouvé un sens à ses relations avec ses neveux, nièces, frères et soeurs et parents. "Si le catholicisme est une affaire de famille, j'ai très bien réussi à être un excellent membre de la famille et je n'ai pas besoin qu'on me gronde". A bon entendeur.

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