"Qu'est-ce que tu fabriques ?" : "Je frotte ma dent, parce que la petite souris n'est pas passée cette nuit, elle n'était pas assez blanche." Imaginez un peu la situation : vous êtes une maman débordée et votre enfant arrive vers vous un matin, la mine dépitée parce que la Petite Souris n'est pas passée. Et là, c'est le drame. Amélie Prévot, comédienne et maman d'un petit garçon de 6 ans, connaît parfaitement ce scénario. Et pour cause : elle a récemment vécu cette expérience avec son enfant. Cette petite mésaventure est cependant tombée à point nommé, puisque deux jours avant, son amie et comédienne Marion Christmann lui avait proposé de participer au concours du festival de court-métrage Nikon. Le concept ? Écrire et tourner un film de 140 secondes sur le thème "Je suis un cadeau". Marion Christmann songe immédiatement à raconter une histoire autour de la légende de la Petite Souris. "L'idée m'a tout de suite séduite. La Petite Souris fait partie de toutes ces traditions de la petite enfance, et le sujet m'intéresse beaucoup", explique Amélie.
La Petite Souris est une tradition qui remonte au 17e siècle. D'après les historiens, elle serait issue du conte de Mme D'Aulnoy, La Bonne petite souris, dans laquelle une fée se métamorphose en souris pour sauver le palais d'une reine menacé par un roi rival. Dans les pays anglo-saxons, la Petite souris est en fait une fée des dents (tooth fairy en anglais). Une figure dont se sont inspirées les auteures du court-métrage. Une fois la nuit tombée, Paul le petit héros du film qui frotte sa dent (interprété par le fils d'Amélie Prévot) se retrouve nez-à-nez avec une fée des temps modernes. Devant l'air médusé du garçonnet, la fée lui répond du tac-au-tac : "Bah quoi, j'ai une tête de souris, moi ? Tu crois que ça existe vraiment les souris qui se trimbalent avec des dents et des pièces sur le dos ? Faut arrêter les Carambar mon pote !" "On voulait faire de l'humour en présentant une fée un peu cabotine, mais aussi très terre-à-terre, en phase avec notre époque", précise Amélie.
Pour réaliser ce film intitulé "Je suis la vraie histoire de la petite souris", les deux comédiennes ont fait appel au réalisateur Ilan Zerrouki, un as des effets spéciaux. Le travail du cinéaste insuffle une dimension féerique au film, pour le plus grand bonheur des enfants...mais aussi celui des adultes. En effet, le scénario est truffé de clins d'oeil que seule une "grande personne" peut comprendre : maman surbookée, subterfuges racontés aux enfants pour ne pas détruire le mythe de la petite souris, entre autres...
La chute propose d'ailleurs une double lecture puisque dans la dernière séquence, on retrouve la fée dans une ruelle parisienne en train de vendre à la sauvette les dents de lait qu'elle a récoltées. Elle arbore encore sa tenue de fée, mais cette fois sa clientèle est essentiellement composée de personnes âgées : "On s'est dit que c'était assez poétique de montrer ce symbole des dents de lait des enfants qui viennent au secours des seniors alors qu'ils sont en train de perdre les leurs. Certains peuvent voir la fée comme une trafiquante de dents, mais pour nous c'est surtout une belle manière de boucler la boucle. Quand elle leur dit '50 euros, c'est cadeau', on peut se dire que c'est vrai compte tenu des prix exorbitants des prothèses dentaires aujourd'hui", souligne Amélie Prévot.
Fascinées par l'échange avec les enfants sur les traditions et les croyances comme la Petite Souris ou le père Noël, Amélie et Marion comptent bien entretenir leur binôme et poursuivre leur écriture dans ce registre. Elles envisagent notamment de lancer leur web série sur des thèmes similaires à celui de la Petite Souris, et espèrent collaborer de nouveau avec le réalisateur Ilan Zerrouki.
Vous avez jusqu'au 8 février pour voter et soutenir leur joli film sur le site du festival Nikon.