L’idée lui vient alors qu’elle fait ses études de droit à New-York : pour financer ses fins de mois dans la Grosse Pomme, Mariam Kamara, 27 ans à l’époque, décide de faire du baby-sitting bilingue, mettant à profit sa maîtrise du français et de l’anglais. Une révélation pour cette jeune Française d’origine malienne, qui se découvre là une vraie passion : « J’ai adoré ce job, les enfants étaient si drôles, si attachants ! », se souvient-elle. Après une expérience professionnelle dans le domaine juridique en fusion-acquisition, elle profite de la crise qui touche son secteur pour se réinstaller en France. Et n’hésite alors pas une seconde : c’est l’occasion de créer sa boîte. « J’ai tout de suite eu envie de me lancer, je savais que la garde d’enfant bilingue pouvait fonctionner à Paris ». Elle recrute une poignée de baby-sitter anglophones, majoritairement des étudiantes étrangères, écume les sites de petites annonces anglaises, et en quelques jours rempli son carnet de clients. « Tout est allé très vite », raconte-t-elle. Nous sommes en 2011, et après quelques semaines, elle comprend que sa petite structure est vouée à grandir. « J’ai alors professionnalisé ma démarche : j’ai créé un site pour avoir pignon sur rue, trouvé le nom de ma société, Pickaboonanny, et lancé des séries d’entretiens pour trouver les meilleures baby-sitters bilingues de Paris », confie-t-elle. Le succès l’attend au tournant : avec la rentrée des classes en septembre, elle connaît une explosion des demandes. « En trois mois, je comptais déjà une cinquantaine de clients et trente-huit baby-sitters. »
Aujourd’hui, elle a franchi la centaine de familles et presque autant de perles rares bilingues, et compte bien dépasser le million d’euros de chiffre d’affaires en 2013. La vraie valeur ajoutée de Pickaboonanny ? Les jeunes filles, recrutées avec l’intransigeance de Mariam, qui ne choisit que des « nanny » à qui elle confierait la prunelle de ses yeux. « Tout est une question de confiance », souligne l’entrepreneuse, qui joue l’intermédiaire entre les familles et ses baby-sitters, et n’hésite pas non plus à garder plusieurs fois par semaine ses « chouchous ». Et elle l’assure : à chaque fois, le courant passe. A tel point que les clients de Mariam, des cadres supérieurs majoritairement, lui réclament depuis plusieurs mois la création d’une crèche. « Les mamans galèrent tellement pour trouver une place, que l’idée a vite germé : pourquoi ne pas lancer des petites crèches bilingues, sur le modèle des baby-sitting que je propose déjà ? ». Il n’en fallait pas plus à la jeune femme pour élargir sa société : dès septembre, deux « Daycare » ouvriront leurs portes dans le VIIe arrondissement de Paris. Y pourront gambader des poupons prêts à prononcer leurs premiers mots… en anglais.
Il faut une confiance en soi terrible, y croire avant tout soi-même, quitte à être un peu mégalo !
Quand on monte sa boîte seul, ne pas hésiter à s’appuyer sur des réseaux d’aides aux entrepreneurs.
Toujours travailler avec des gens meilleurs que soi, c’est comme ça qu’on apprend.
20/01/1981 : naissance à Bamako, au Mali. « Chose rare au Mali, ma grand-mère n'a jamais été dépendante d'un homme, elle vendait des condiments au marché. Elle est la première féministe que j'ai connue et m’a donné envie d’entreprendre. »
2007 : « Je débarque à New-York et je mets des annonces pour du baby-sitting. Très vite, je remarque que les enfants parlent d'autres langues en dehors du français et l'anglais, car ils sont gardés par des nounous natives (espagnoles, russes ou chinoises). Mon déclic vient de là ! »
2011 : « Je décide de fonder Pikaboonanny ».
2012 : « J’intègre un club d’entrepreneuses. Désormais, je suis poussée et encouragée par les filles de mon club, et grâce à leur soutien, je me lance dans la création de crèches bilingues ».