Les mentalités de notre pays évoluent lentement, du moins pour tous les sujets liés à la procréation et à la famille. Un bon exemple est la pilule. Conçue en premier lieu pour parer les grossesses non désirées, elle peut également être prescrite en cas de règles trop douloureuses ou migraines cataméniales, c'est-à-dire liées aux menstrues.
Dans ces deux cas de figure, il n'est pas rare que le ou la médecin propose de prendre la pilule en continu. Mais dans ceux où la pilule remplit un rôle purement contraceptif, les femmes interrompent généralement la prise de pilule entre deux plaquettes pendant 7 jours (soit au bout de 21 jours), afin de déclencher des règles artificielles.
Or, comme l'a récemment rappelé la Faculté de santé en matière de sexualité et de reproduction (FSRH) du National Health Service (équivalent anglais de la Haute Autorité de Santé), cette prescription n'a pas grand-chose à voir avec le corps ou la santé des femmes.
Dans un article publié le 20 janvier dans le magazine anglais The Telegraph, le professeur en santé reproductive au FSRH John Guillebaud précise qu'il s'agit en réalité d'une tradition instaurée depuis les années 60, pour faire passer la pilule auprès de l'église.
"Le gynécologue John Rock [l'un des deux inventeurs de la pilule NDLR] estimait qu'en imitant le cycle naturel, le pape l'accepterait. Quand sa campagne auprès du pape a échoué, il a tout simplement cessé d'être Catholique après avoir été croyant toute sa vie', explique le Pr Guillebaud.
Une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale BMJ en juin 2018 affirme qu'il n'existe aucune preuve scientifique que l'interruption de pilule est meilleure pour la santé.
Les scientifiques à l'origine de ces travaux estiment que la plaquette de 21 jours devrait être remplacée par une prise en continu ou par une interruption plus courte (4 jours au lieu de 7 jours).
"Chez les femmes qui préfèrent avoir leurs règles chaque mois, un intervalle sans hormones de 4 jours offre également une plus grande marge de sécurité lorsque les pilules sont omises", précise l'étude.