Les femmes italiennes pourront peut-être bientôt bénéficier de jours de congé lorsqu'elles ont leurs règles. C'est en tout cas le souhait de quatre élues du parti démocrate, qui ont déposé le 13 mars dernier un projet de loi au Parlement pour permettre aux femmes souffrant de règles douloureuses de rester chez elles pendant un à trois jours. Payé à 100% par leur entreprise, ce congé menstruel pourra être renouvelé tous les ans par la délivrance d'un certificat médical.
Salué par une partie de la presse – Marie Claire y voit un "symbole de progrès et de développement social" - le projet de loi, s'il était adopté, serait le premier en Europe à accorder aux femmes d'un tel congé.
Pourtant, affirment d'autres médias, ce congé menstruel n'est pas sans poser quelques problèmes. Ainsi, le magazine féminin Donna Moderna souligne que les employeurs, effrayés à l'idée de voir leurs employées s'absenter trois jours par mois, pourraient "être encore plus tentés d'embaucher plutôt des hommes". Un argument qui tient la route, notamment lorsqu'on se penche sur le pourcentage de femmes actives dans le pays. D'après le Washington Post, seules 61% des femmes ont un emploi en Italie, contre 72% dans l'ensemble de l'Europe. Le quotidien rappelle aussi qu'en Italie, il n'est pas rare pour une femme devenant mère de perdre son emploi pendant ou juste après sa grossesse. Un quart se verrait ainsi licencier abusivement, selon le Bureau italien des statistiques.
Surtout, les femmes souffrant de règles douloureuses sont-elles prêtes à en informer leur employeur et voir leurs maux menstruels connus de tous leurs collègues de bureau ? Si le projet de loi déposé par le parti démocrate ne répond pas à cette question, il a le mérite de mettre en lumière un problème trop souvent tu car tabou : celui des douleurs menstruelles. Libération rappelle ainsi que près d'une femme sur cinq souffre de dysménorrhée (l'appellation médicale des règles douloureuses) pouvant entraver ses activités quotidiennes. Une étude menée en 2016 par John Guillebaud, professeur de médecine reproductive à l'University College London affirmait dans Quartz que la douleur des règles était comparable chez certaines femmes à celle provoquée par une crise cardiaque.
Grande première en Europe si le projet de loi était adopté, ce congé menstruel existe déjà dans d'autres pays. Le Japon a été le premier à instaurer, dès 1947, un seirikyuuka, un congé accordé aux femmes souffrant de douleurs de règles sévères. Taïwan, la Corée du Sud et l'Indonésie offrent un congé similaire, tout comme la Zambie, qui a instauré un "jour des mères" permettant aux femmes de rester chez elles pendant leurs règles.