Le 12 avril dernier, par un simple e-mail adressé à la presse par son équipe de campagne, Hillary Clinton annonçait sa candidature à l'investiture démocrate en vue des élections présidentielles de 2016. Depuis rejointe par d'autres candidats démocrates (Jim Webb, Bernie Sanders, Martin O'Malley, notamment) et républicains (Donald Trump, Jeb Bush, Ted Cruz, Scott Walker, Marco Rubio...) l'ex-Secrétaire d'État de Barack Obama devrait prochainement révéler le nom du colistier ou de la colistière qui concourra avec elle dans la course à la présidentielle américaine.
Toutefois, il y a peu de chances qu'Hillary Clinton choisisse une femme en tant que seconde, si l'on en croit les politologues américains Valerie Hennings et Robert Urbatsch. Dans une étude publiée dans la revue Political Behavior et repérée par le Washington Post , les deux chercheurs affirment que voir une femme occuper une place de leader de premier plan diminue grandement les chances que son binôme soit également une femme.
Pour parvenir à cette conclusion, Valerie Hennings et Robert Urbatsch ont analysé les 568 élections au poste de gouverneur des États-Unis ayant eu lieu entre 1988 et 2012. Il s'avère que lorsque le candidat au poste de gouverneur était un homme, 39% des vice-gouverneurs choisis par le parti étaient des femmes. En revanche, quand c'est une femme qui se présentait au poste de gouverneur, seules 12% de leurs colistiers étaient de sexe féminin.
Cette tendance à "renforcer" une candidature féminine avec un binôme masculin n'est pas propre aux États-Unis. Les deux politologues se sont penchés sur 244 élections tenues dans 29 pays différents et où prévaut un système avec nomination d'un vice-président. Résultat : sur l'ensemble des scrutins étudiés, quand le candidat à la présidentielle était un homme, les femmes représentaient 19% des candidats à la vice-présidence. Lorsque le candidat à l'élection présidentielle était une femme, aucun de leur colistier n'était une femme.
Comment expliquer cette si faible représentation des prétendantes à la vice-présidence lorsque le principal candidat à l'élection est aussi une femme ? Pour Hennings et Urbatsch, cela s'explique également par la pérennité, encore et toujours, du fameux plafond de verre. Persuadés qu'une femme ne peut gérer par elle seule les missions qui incombent à un président, les élites politiques et le peuple préfèrent lui adjoindre un binôme masculin qui saura la "soutenir" et l'"encadrer" durant son mandat.
"On pourrait s'attendre à ce que les femmes candidates cherchent à donner des opportunités à d'autres femmes qualifiées", déplorent les politologues. Il n'en est rien : en réalité, celles-ci sont bloquées par le plafond de verre et donc à être largement sous-représentées aux hautes fonctions politiques.
Une injustice qu'a justement dénoncée Hillary Clinton à plusieurs reprises dans ses discours. "Bien que nous ne soyons pas encore en mesure de briser le plafond de verre le plus élevé et le plus dur, cette fois, grâce à vous, celui-ci montre 18 millions de fissures en lui, et la lumière brille à travers celles-ci comme jamais auparavant. Nous devons garder l'espoir et avoir la certitude que le chemin sera un peu plus facile la prochaine fois", déclarait ainsi en 2008 la candidate malheureuse à l'investiture démocrate suite à sa défaite face à Barack Obama.
Pour autant, rien n'y fait, selon Valerie Hennings et Robert Urbatsch, "la fissure dans le plafond de verre n'est pas assez large pour permettre à plus d'une femme à la fois de se hisser au travers".