Les clowns sont des personnages colorés et blagueurs, emblématiques de l'univers du cirque. Pourtant, ces personnages sont devenus le cauchemar de nombreuses personnes. Une peur collective si intense que certains ont surfé sur cette phobie (baptisée "coulrophobie") pour construire des personnages terrifiants, à l'image du célèbre clown "Ça" créé par l'écrivain Stephen King.
Littérature, cinéma... La figure du clown fait désormais plus frissonner qu'il ne fait rire et certains s'en servent même pour jouer les terreurs. A l'automne 2014, la France est envahie par un inquiétant phénomène : des jeunes déguisés en clown attaquent les gens dans la rue et déclenchent ainsi une véritable chasse à l'homme que la police aura bien du mal à contenir.
A l'approche d'Halloween, les Etats-Unis sont également victimes de ces terrifiants farceurs qui reprennent du service. Parfois armés, ces faux clowns rôdent autour des entreprises, des campus et même des écoles à la recherche de nouvelles victimes à effrayer.
Pour calmer la population, la Maison Blanche a même annoncé l'arrestation d'une douzaine de personnes et a demandé au FBI et au département de la sécurité national de réfléchir à la manière de mettre fin à ces débordements. Même phénomène au Royaume-Uni, où les autorités ont dénombré pas moins de 14 incidents similaires en l'espace de seulement 24 heures.
Pour le psychiatre Steven Schlozman, cette peur, en apparence irrationnelle, serait pourtant très simple à expliquer. Interrogé par le site Vulture, il révèle que le maquillage outrancier des clowns serait à l'origine de notre frayeur et plus particulièrement leur immense et très rouge sourire artificiel :
"Lorsque vous voyez quelqu'un sourire, vous enregistrez cela comme quelque chose de rassurant et d'agréable. Le problème des clowns, c'est que leur sourire reste figé en permanence, ce qui n'est pas normal. Votre cerveau enregistre alors cette information comme quelque chose d'inquiétant".
Selon une étude scientifique publiée cette année, cette ambiguïté décrite par le docteur Schlozman serait responsable de notre défiance vis-à-vis des clowns. Mais ce n'est pas tout. C'est bien souvent la présence d'un masque qui exacerbe la peur, comme l'explique l'experte en comportement social Emmanuelle Lecomte à Mediste :
"Avoir le visage caché peut désinhiber les actes. Derrière ce déguisement, on ne sait pas de quoi la personne est capable, c'est un facteur inconnu qui peut faire ressortir des peurs et créer une angoisse."
Quant à ceux qui se mettent dans la peau de ces personnages glaçants, ils sont carrément qualifiés de pervers par la praticienne : "C'est une forme de perversité que de vouloir mettre les gens à bout et jouer avec la peur".
Sans compter que l'histoire des clowns les plus célèbres est bien souvent jalonnée d'épisodes dramatiques, voire même terrifiants.
Il suffit de faire quelques recherches sur le web pour réaliser que les clowns les plus illustres sont en effet bien loin d'être des petits rigolos. Il y a d'abord le père de tous les clowns contemporains, le Britannique Joseph Grimaldi. Si c'est grâce à lui que le maquillage extravagant s'est imposé à toute une génération de clowns, ce génie du mime a pourtant passé une bonne partie de sa vie à se débattre contre la dépression et l'alcoolisme suite à la disparition de sa femme et de son fils.
En France, il y a aussi la tragique histoire de Jean-Gaspard Deburau. Véritable star au XIXe siècle, il est également connu pour avoir assassiné un adolescent en pleine rue avec sa canne. Un dramatique événement qui marquera à jamais la carrière de l'un des plus célèbres interprètes de Pierrot.
Et que dire de John Wayne Gacy, l'un des serial-killers les plus marquants de l'histoire des Etats-Unis ? Surnommé "le clown tueur" et longtemps plébiscité pour animer les fêtes d'anniversaire des enfants, il était en fait un sanguinaire tueur, responsable de la mort de 33 personnes. Incarcéré pendant plusieurs années avant son exécution en 1994, il passera son temps à peindre des portraits de clown depuis sa cellule...
Des histoires à faire froid dans le dos, qui ont largement participé à la défiance que les clowns nous inspirent.