Pour commencer, « Bifteck » n’est pas un roman, mais a été qualifié par nos jurées de fable, conte, épopée… Cécile nous pose le cadre en quelques lignes et mots bien pensés : « Martin Provost ne manque décidément pas d'imagination avec cette fable fantasmagorique qui se délecte du pêché de chair d'un boucher virtuose pour ensuite nous balader dans l'odyssée patriarcale d'André devenu l'allégorie monoparentale d'un Noé à la recherche des terres fertiles d'un paradis perdu. »
Force est de constater à travers les divers témoignages de nos jurées, que l’originalité de la farce, sa fantaisie ont beaucoup plu, autant qu’elles ont dérouté. Virginie nous dit : « J'ai beaucoup aimé le début délirant et décalé juste ce qu'il faut. ». Omaha de son côté relève le virage vers le fantastique adopté par le roman « J’ai passé un bon moment à lire ce livre mais il faut aimer les livres qui partent un peu dans tous les sens, ce livre m’a fait penser un peu à l’univers déjanté de Tim Burton et j’irais plus loin de Lewis Caroll ». Catherine nous parle d’une « agréable découverte, originale par le ton et le sujet » enfin Cécile qualifie même le roman d’OLNI : « objet littéraire non identifié. Un petit roman très étonnant dans sa forme qui, s'il présente quelques faiblesses narratives, a le mérite de passionner, dérouter puis provoquer le lecteur. »
Mais principalement, ce roman est un roman d’amour, un beau roman sur la paternité. Catherine l’évoque avec beaucoup d’émotion « C’est une belle ode sur l'amour de l'autre, l'amour paternel. De ce personnage simple qui accueille les autres, et ce que lui apporte la vie simplement. Il est porté par cet amour qui l'habite au sens plein du terme ». Avec l’amour, forcément vient la chair, quoi que, dans ce roman, la chair est aussi à l’origine de l’amour (Ca ne vous rappelle pas la question qui de la poule ou de l’œuf était là avant ?) indissociable du sujet du roman. Elisabeth joue avec les mots : « Une fable qui nous parle de la "chair", de" la chair de notre chair", des relations entre les êtres chers, de la vie tendre et "cru-elle" ». Isabelle relève elle aussi la cohérence de ce tout : « Une fable truculente, une ode à la bonne viande, aux plaisirs de la chair et surtout à l'amour paternel. »
Mais il semblerait que le livre souffre également de lourdes failles.
Si certaines apprécient sa fantaisie, elles relèvent également que certains chapitres de la fin sont « trop délirants » et au final se sentent déçues au regard du début si prometteur. Aurore, elle, n’a pas accroché du tout : « beaucoup trop absurde à mon goût! ». Annick perçoit dans « Bifteck » des emprunts « au réalisme magique latino-américain », mais elle ne peut s’empêcher d’avouer que la fin s’essouffle. Avec beaucoup de sensibilité, Claire analyse ce conte philosophique qu’elle qualifie de « surprenant » mais « dont la poésie onirique n'a cependant pas su [la] faire voyager. »
Félicie résume bien l’impression générale avec ces quelques mots : « Un roman très déroutant avec un début original qui aiguise l'intérêt mais la fin, décevante au regard des belles descriptions gastronomiques du livre, gâche un peu le souvenir qu'on pourrait garder de l'histoire. Les dernières lignes m'ont fait penser à une mauvaise blague. »