Engouement prononcé des Français pour les médicaments, faible intérêt pour les génériques, pression de l'industrie pharmaceutique... sont autant de raisons invoquées dans une étude présentée par l'eurodéputée Michèle Rivasi pour expliquer les dépenses liées à la santé qui continuent de creuser le déficit de la Sécurité sociale.
L'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi, membre de la commission de santé au Parlement européen, a présenté lundi avec le pharmacien Serge Rader et le président de l'Institut Necker Philippe Even une étude dans laquelle elle dénonce la surconsommation de médicaments en France. « Nous sommes les champions d’Europe de la consommation de médicaments », souligne-t-elle, et elle n'a pas tort. En France, nous consommons en moyenne 39 boîtes de médicaments par an, 8 fois plus de tranquillisants qu'en Allemagne… Une consommation quasi frénétique qui n'a cessé de croître au cours des 30 dernières années, entraînant une dépense annuelle de l'ordre de 38,5 milliards d'euros en 2012.
Michèle Rivasi estime à travers son rapport que réduire notre consommation de médicaments de 10% par an permettrait d'économiser 10 milliards d'euros sur trois ans. Une économie qui permettrait également de résorber le déficit de la branche maladie, estimé à 7,9 milliards d'euros en 2013. D'après Serge Rader, tenter de réduire les dépenses liées aux médicaments n'influerait en aucun cas sur les patients, « nos marges de manœuvre sont immenses, sans casser le système ni nuire à la santé des patients ».
Dans son étude, l'eurodéputée dénonce également le coût des médicaments en France. Les génériques moins chers que les médicaments originaux ne se vendent pas et ne représentent que 31% du marché en volume. Alors qu'ils se vendent beaucoup mieux en Grande-Bretagne (60%) ou en Allemagne (80%). De plus, elle indique que les laboratoires pharmaceutiques mettent en vente sur le marché des contres-génériques avec d'autres dosages ou des copies de génériques, afin d'arriver à préserver les brevets et le prix de remboursement accordé par la Sécurité sociale.
Les auteurs de l'étude préconisent donc une série de mesures : supprimer tous les médicaments qui n'ont pas de plus-values thérapeutique (ASMR 5), envisager la dissolution du comité économique des produits de santé (CEPS) qui fixe les prix de remboursement pour permettre d'avoir des offres publiques qui proposeraient des médicaments génériques moins chers, développer des partenariats de recherche entre l'État et les laboratoires pharmaceutiques pour que les enjeux de santé publique redeviennent le vrai objectif de chacun.
Camille Coutant
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