Elles risquaient une amende de l'ordre de 1 500 euros mais s'en sortent finalement sans la moindre sanction. Ce mercredi matin, les neufs Femen poursuivies pour « dégradation d'un lieu de culte en réunion » ont toutes été relaxées par la justice dans ce qui constituait le premier procès du mouvement en France. En février 2013, elles s'étaient introduites dans la cathédrale Notre-Dame à Paris avec un flot de touristes, avant de dévoiler leurs seins nus barrés des inscriptions « Crise de foi » et « Bye bye Benoît ». Prétextant une pseudo-célébration de la renonciation du pape Benoît XVI, elles avaient scandé « Pope no more (plus de pape) », « dégage homophobe » ou encore « In gay we trust », et fait tinter avec des morceaux de bois les nouvelles cloches de l'édifice, provisoirement exposées dans la nef.
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Et alors que le procès-verbal rédigé par les forces de police avaient fait état d'éraflures sur ces cloches recouvertes de feuilles d'or, le tribunal correctionnel de Paris a lui estimé ne pas avoir suffisamment d'éléments en sa possession pour imputer les dégradations constatées aux militantes. En revanche, les trois membres du service de sécurité de la cathédrale qui les avaient expulsées ont chacun été condamné à une amende de 250, 300 ou 500 euros. Les féministes avaient, en effet, porté plainte contre eux, les accusant de coups et blessures.
Un verdict qui, forcément, ravi les Femen. Sur leur compte Facebook, elles se sont d'ailleurs félicitées d'avoir obtenu gain de cause. « Femen a gagné ! La mascarade qui dure depuis plus d'un an déjà aux frais du contribuable s'est enfin achevée ce matin au palais de justice de Paris. Que pouvions-nous attendre d'autre ? », ont-elles interrogé. Et d'ironiser : « Il ne nous reste qu'un seul regret, celui de voir se finir ici cette relation si chaleureuse que nous avions noué avec Notre-Dame depuis lors, mais nous sommes certaines que nous trouverons un moyen de nous revoir très bientôt ! »
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Du côté des politiques et des religieux, qui avaient déjà vivement condamné l'action des Femen à Notre-Dame, le son de cloche est très différent. Ennemie jurée de ces militantes seins nus, Christine Boutin a été l'une des premières à réagir au verdict du tribunal sur BFMTV. « Pour moi, c'est la stupéfaction absolue. Vraiment, elles veulent la guerre, ces dames, elles veulent nous provoquer », a ainsi jugé l'ex-présidente du parti Chrétien Démocrate, regrettant que cette « décision de justice » ne participe pas à « pacifier notre pays qui pourtant en a tellement besoin ». L'Abbé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles, a pour sa part choisi Twitter pour témoigner de son mécontentement.
Impunité des #femen. Par contre, les vigiles qui ne faisaient que leur boulot ont été eux condamnés.Message dramatique pour la société.
— Abbé Grosjean ? (@abbegrosjean) 10 Septembre 2014
D'ailleurs, entre moquerie, indignation, incompréhension ou satisfaction, les twittos ont été nombreux à commenter le verdict, faisant du hashtag #Femen l'un des trending topic de cette journée.
#Femen. Incompréhension totale. Quel signal que la relaxe ?!Une incitation à recommencer qui heurte profondément.Au delà même des croyants.
— Philippe GOSSELIN (@phgosselin) 10 Septembre 2014
Notre-Dame vs Femen : quoique je pense de l'immaturité de cette action (lire INNA), la justice est laïque et le blasphème est un droit.
— Caroline Fourest (@CarolineFourest) 10 Septembre 2014
Cloches de Notre-Dame : les Femen relaxées. Ouh la ! Ça va encore donner des vapeurs à nos amis de @LaManifPourTous... #AppeauÀTrolls
— Olivier Siou (@oliviersiou1) 10 Septembre 2014
#Verdict du procès #Femen #NotreDame pour #dégradation : relaxées !!!! #LAÏCITÉ #justice
— Éloïse Elle (@EloiseBouton) 10 Septembre 2014
La République française a considéré qu'il est plus grave de taper sur des femmes plutôt que sur des cloches. Nous sommes (un peu) rassurées!
— FEMEN France (@Femen_France) 10 Septembre 2014
À noter que – par provocation certainement -, les Femen n'ont quant à elle pas hésiter à relayer sur Facebook et Twitter les messages de leurs détracteurs les plus influents, parmi lesquels Christine Boutin et l'Abbé Grosjean.