Quand le combat se déroule en dehors du ring...
Des semaines durant, la championne de boxe algérienne Imane Khelif a été cyber harcelée.
On l'a accusée... D'être un homme. La championne est hyperandrogène, c'est à dire qu'elle elle présente un taux élevé de testostérone.
Toute une campagne de diffamation, et autres "fake news", a été relayée par l'ancien Ministre de l'intérieur italien Matteo Salvini, la Première ministre Giorgia Meloni, des millions d'internautes organisant des raids - des attaques en ligne massives - la romancière transphobe J.K Rowling, l'ancien Président des Etats-Unis Donald Trump, mais aussi, son ex rivale Luca Anna Hamori (battue sur le ring), déclarant dans une vidéo TikTok depuis supprimée : "Cela m'a pris toute une vie pour être aux Jeux olympiques et c'est peut-être un homme qui brisera mon rêve. Je dois boxer contre un garçon. Peut-être qu’il m’empêchera de gagner une médaille olympique''.
Des attaques virulentes qui se sont poursuivies malgré sa médaille d'or remportée le 9 août dernier aux Jeux Olympiques 2024.
"Je ne peux décrire toute la joie et la fierté que j’ai dans mon cœur. Le monde entier était contre moi, mais malgré cela, je lui ai répondu sur le ring, je suis une femme forte", avait alors scandé l'athlète. Sans oublier suite à ce triomphe de porter plainte auprès du Pôle de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris, pour des faits de cyberharcèlement aggravé. Logique.
Et aujourd'hui, après la tempête, c'est auprès de Mouloud Achour qu'elle s'exprime...
“Par moments, je m’enfermais dans ma chambre olympique et je pleurais pendant des heures", témoigne-t-elle avec gravité. "Mais j’en ressortais plus forte....". On écoute la sportive professionnelle, luttant encore contre une campagne où misogynie et racisme côtoient rumeurs nourries de haine anti-transgenres...
"J'ai fait l'objet d'attaques et d'une campagne féroce et c'est la plus belle réponse que je puisse donner cette victoire", s'était réjouie la boxeuse après avoir triomphé de son adversaire Yang Liu lors de la finale des moins de 66 kilos. Elle ne dit pas mieux aujourd'hui dans un cadre beaucoup plus calme et intimiste, celui de l'émission Clique. Attaques aussi virulentes que paradoxales : des hommes qui désirent rendre Imane Khelif honteuse en la comparant... A un homme.
Globalement, bien des athlètes sportives ont pu témoigner d'attaques peu ou prou identiques : interroger leur "féminité" à travers bien des diktats désuets, sous couvert de leur physique imposant, leur corps, leur musculature, considérés comme contraires à leur genre... Sans oublier tous les codes de beauté suggérés dans ce processus, associés au féminin et qui témoignent, dans ce harcèlement, d'une bonne vieille misogynie.
A Mouloud, la boxeuse poursuit : "Je n’ai pas compris pourquoi quelqu'un comme Donald Trump s’est prononcé sur le sujet. Il ne me connait pas, je ne le connais pas.... Je me devais donc de remporter l’or, de leur prouver qui est réellement Imane Khelif et de faire taire toutes ces rumeurs. La médaille d’or est la réponse à tous ceux qui m’ont attaquée”
“Atteindre la médaille olympique, c’est le rêve de tout athlète”, témoigne-t-elle encore. Imane Khelif désire aujourd'hui se concentrer sur son avenir sportif. En Algérie, elle est devenue une icône nationale.