Depuis sa mise en liberté il y a quatre ans, on n’avait quasiment plus entendu parler d’elle. Et de toute évidence, Florence Rey se serait bien passée du soudain regain d’intérêt pour l’affaire Rey-Maupin. C’est l’un des grands faits divers des années 1990.
Le 4 octobre 1994, elle a 19 ans quand sa vie bascule. Après avoir braqué la préfourrière de Pantin, Florence Rey s’embarque dans une équipée meurtrière avec son compagnon Audry Maupin qui coûtera la vie à ce dernier, mais également à trois policiers et un chauffeur de taxi. Le brusque déferlement de violence du couple, engagé dans les milieux d’extrême gauche mais jusque-là sans antécédents judiciaires, intrigue le pays tout entier autant qu'il le révulse.
Son procès, forcément très médiatique, a lieu en 1998. C’est une Florence Rey plus apaisée qui comparaît devant les assises de Paris. Mutique, elle s’excusera néanmoins plusieurs fois devant les familles des victimes et incriminera Abdelhakim Dekhar comme le « troisième homme » présent aux abords de la préfourrière de Pantin. Le 30 septembre, la femme écope de 20 ans de réclusion criminelle et est incarcérée au centre pénitentiaire de Rennes.
Ces quinze ans d’incarcération, elle les passera sans encombres. En 1995 déjà, le directeur de la prison de Fleury-Mérogis écrivait à son propos: « son comportement en détention est exemplaire, ses relations avec le personnel, irréprochables. Discrète, Florence Rey semble indifférente à l'impact médiatique de son affaire et n'en joue aucunement en détention ». Grâce au soutien de sa mère durant sa détention, elle poursuit des études universitaires d'histoire-géographie, avant de se consacrer à un BTS d'assistante de gestion PME-PMI. Et obtient, dès 2007, ses premières autorisations de sortie pour effectuer des stages en entreprise.
Le 2 mai 2009, la prisonnière modèle est libérée, grâce à des remises de peine automatiques. A sa sortie, le directeur de l'établissement pénitentiaire de Rennes n’hésite pas à louer son comportement devant des médias qui, pour l’occasion, s’intéressent de nouveau à celle que certains n’hésitaient pas à appeler « la tueuse de flics ». Un ultime coup d’éclairage avant, espère-t-elle sûrement, une plongée définitive dans l’anonymat.
Tout juste retrouve-t-on sa trace à l’occasion d’un article, publié en novembre 2011 sur le site culturel Le Mague, dans lequel on apprend sa participation à un long-métrage de Jacques Richard intitulé « L'Orpheline avec en plus un bras en moins ». Elle y tient le rôle de régisseuse et figurante. Le film, sorti en janvier 2012, se penche sur l’histoire d’une jeune fille de vingt ans, éduquée dans un orphelinat religieux de Bourgogne. Le personnage noue alors une relation amoureuse avec un juge, soupçonné d'une série de crimes odieux, perpétrés sur des jeunes femmes.
A en croire le Figaro, Florence Rey aurait entretenu une relation avec le réalisateur. Une information que dévoile en filigrane l'acteur Melvil Poupaud, neveu de Jacques Richard, dans son autobiographie intitulée Quel est Mon Nom?. Il écrit ainsi : « Plus récemment il (Jacques Richard, NDLR) est tombé amoureux d'une jeune femme avec laquelle il a entretenu une correspondance enflammée, avant qu'elle ne soit libérée suite à une longue peine de prison. A sa sortie, son premier travail fut d'être assistante et figurante sur L'Orpheline, ce qui me permit de découvrir une jeune femme d'une intelligence et d'une intensité qu'aucune tragédie ne semble pouvoir altérer ».
Depuis cette expérience cinématographique, l’ancienne compagne de Audry Maupin n’avait pas fait reparler d’elle dans les médias… du moins jusqu’à ce fatidique 20 novembre, jour de l’arrestation d’Abdelhakim Dekhar.
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